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Campagne présidentielle américaine

La colistière surprise de McCain : Sarah Palin

par Anne Toulouse

Article publié le 29/08/2008 Dernière mise à jour le 30/08/2008 à 16:05 TU

Le candidat républicain à la Maison Blanche a annoncé ce vendredi le nom de sa vice-présidente s'il devait être élu : le gouverneur de l'Etat d'Alaska, Sarah Palin, 44 ans.

Elue en novembre 2006, elle est diplômée en communication et journalisme et appartient à l'aile conservatrice du Parti républicain.

« La gouverneure Palin est une dirigeante solide » affirme le communiqué de l'équipe de campagne de John McCain. « Elle a rapproché républicains et démocrates au sein de son administration et a la réputation d'apporter le changement et la réforme dont nous avons besoin à Washington », ajoute le texte. C'est la première fois qu'une femme figure sur un « ticket » républicain.

Sarah Palin.(Photo : AFP)

Sarah Palin.
(Photo : AFP)

John McCain ne pouvait pas mieux réussir à attirer vers son camp l’effervescence médiatique qu’en choisissant Sarah Palin, une candidate dont le nom était à peine apparu dans les spéculations sur ses possibles colistiers.

« Elle est ce dont nous avons besoin ! » a-t-il dit en la présentant à une foule de 15 000 personnes à Dayton, dans l’Ohio.

John McCain

« Elle est exactement la personne dont j'ai besoin, dont ce pays a besoin, pour m'aider à combattre les mêmes vieilles moeurs politiques de Washington du « moi d'abord , et le pays après ». »

écouter 01 min 06 sec

30/08/2008 par Anne Toulouse

Cette même foule avait précédemment chanté « Happy birthday to you ! », à l’intention du candidat républicain : celui-ci fêtait vendredi son 72e anniversaire, et a manifestement mis de la jeunesse sur le ticket républicain avec une partenaire qui a 28 ans de moins que lui, et qui est plus jeune que deux des sept enfants du candidat.
Un profil atypique qui peut séduire
Mais le choix de Sarah Palin est surtout un appel aux femmes, qui représentent le segment le plus large et le plus fiable de l’électorat américain, et dont beaucoup ont été déçues par la mise à l’écart d’Hillary Clinton dans le camp démocrate.  Les mères de famille, qui sont un élément central de la stratégie politique, peuvent s’identifier à cette femme qui a eu 5 enfants tout en menant une carrière à un rythme accéléré.
Sarah Palin a d’abord été journaliste sportive, avant d’aider son mari dans sa première carrière de patron de pêche. Il s’est aujourd’hui reconverti dans l’autre grande activité de l’Alaska, l’industrie pétrolière, où il est un travailleur presque ordinaire et…syndiqué, ce qui est généralement une caractéristique démocrate. Il est également celui qui a la charge principale des enfants, dont un bébé  qui est né au mois d’avril dernier. Ce petit dernier est trisomique. Bien que ce défaut génétique ait été détecté avant la naissance, Sarah Palin a refusé d’interrompre sa grossesse, ce qui en fait une héroïne du mouvement contre l’avortement. Le fils aîné des Palin s’est engagé dans l’armée et doit être envoyé en Irak dans quelques jours.
Si Sarah Palin s’identifie à beaucoup d’égards aux valeurs conservatrices, elle partage avec John McCain une réputation d’électron libre dans son propre parti. Elle est entrée en conflit avec les républicains de l’Alaska pour imposer plus de transparence et de rigueur dans la gestion des affaires publiques.
Elle a fait partie de la commission qui a enquêté sur les liens de certains politiciens locaux avec les grandes compagnies pétrolières.
Sarah Palin dirige le deuxième Etat américain producteur de pétrole après le Texas, celui qui a le territoire le plus vaste, et l’un des moins peuplés. L’Alaska n’est entré dans l’union américaine qu’en 1959. Sarah Palin partage avec Barack Obama, né à Hawaii, la particularité d’avoir ses racines dans un Etat excentré par rapport à l’essentiel du territoire américain. L’Alaska n’a de frontières communes qu’avec le Canada, et il est situé plus près de la Russie que des Etats-Unis. Le mari de Sarah Palin descend, par moitié, des premiers occupants, les Esquimaux.
La candidate à la vice-présidence républicaine partage également avec Barack Obama une passion pour le basketball, elle a été championne universitaire. A la même époque elle a concouru pour le titre de Miss Alaska. Avec son chignon un peu démodé et ses lunettes, elle a une beauté sportive et sans sophistication qui correspond sans nul doute a l’idéal de l’Amérique moyenne.  

Romain Huret

Spécialiste des Etats-Unis, professeur à l'Université de Lyon

« C'est bien joué de la part de McCain, qui joue la carte de la modernité politique...»

écouter 00 min 55 sec

30/08/2008 par Jean-Pierre Boris

Un pari
Mais malgré tous ces avantages, le choix de John McCain est considéré par certains comme un pari risqué. Sarah Palin est en effet dépourvue d’expérience, en particulier dans les affaires internationales. Même si elle n’est que le numéro deux, elle est, selon la formule consacrée, «  à un battement de cœur de la présidence ». Ce choix va donc saper l’un des arguments majeurs de John McCain contre Barack Obama : il est trop inexpérimenté pour occuper la charge de commandant en chef. 

John McCain annonce le nom de sa co-listière

« J'ai le privilège de vous présenter le prochain vice-président des Etats-Unis... »