par Sylvain Biville, Jean-Pierre Boris
Article publié le 29/08/2008 Dernière mise à jour le 29/08/2008 à 14:28 TU
Le candidat démocrate Barack Obama a recadré son discours, jeudi soir en clôture de la Convention démocrate à Denver. Devant plus de 80 000 personnes, le sénateur de l’Illinois s’est montré combatif et concret, avant d’entamer la dernière ligne droite dans la course à la Maison Blanche.
Les amateurs d'envolées lyriques en seront pour leur frais. Dans le stade de Denver, Barack Obama a joué la carte du pragmatisme. Le candidat démocrate, désormais au coude à coude avec John McCain dans les sondages, a rempli deux objectifs : il a donné corps à son slogan du changement, en dévoilant des propositions concrètes sur les impôts, l'énergie, l'éducation. Il a rassuré la base démocrate en attaquant de front son adversaire.
Présenté par les républicains comme une célébrité distante et inexpérimentée, Barack Obama est passé à la contre offensive en dépeignant John McCain comme un idéologue coupé de la réalité, qui ne comprend pas l'Américain moyen.
« Obama ne doit plus seulement séduire, il doit aussi convaincre, au-delà de la famille démocrate. »
Après 18 mois de campagne sur le mode post-partisan, le sénateur de l'Illinois s'affirme désormais comme le chef du camp démocrate. La veille, Bill Clinton, qui domine le parti depuis 16 ans, avait effectué le passage de relais, en faisant le parallèle entre 1992, l'année de son entrée à la Maison Blanche, et 2008. Barack Obama, dans son discours intitulé « La promesse de l'Amérique », a réaffirmé le rôle du gouvernement fédéral dans la protection des individus. L'ambition affichée est claire : tourner la page de la révolution conservatrice, qui domine le paysage politique depuis l'élection de Ronald Reagan en 1980.
« La promesse de l’Amérique », un discours-programme |
Installé à la Maison Blanche, le démocrate Obama tiendrait également la dragée haute aux Russes, empêcherait les Iraniens d'avoir la bombe atomique. Et il mettrait sur pied de nouveaux partenariats pour terrasser les menaces du 21eme siècle, que sont le terrorisme et la prolifération nucléaire, la pauvreté et le génocide, les bouleversements climatiques et les maladies. |
Un discours bien reçu
Les Américains sont unanimes pour saluer le caractère historique de la nomination d’Obama comme candidat démocrate à la Maison Blanche. John McCain lui a adressé ses félicitations : « Ce soir, sénateur, c'était du bon boulot », a lancé le candidat républicain dans une publicité télévisée. Au même moment, son porte parole dénonçait un « discours trompeur ». « Le rêve vécu », titre le très conservateur New York Post, pour qui « Barack Obama écrit l'histoire », en acceptant sa nomination 45 ans jour pour jour après « I have a dream » de Martin Luther King.
« Un chef d'œuvre, une symphonie », s'enthousiasmait un commentateur sur CNN, après le discours de clôture de la convention de Denver. « L'orateur de talent a montré, par ses mots, qu'il est aussi un homme d'expérience », se félicite le New York Times, quotidien de référence de centre gauche, qui salue, au delà des slogans, « l'audace rafraîchissante » de la stratégie d'Obama.
« Le message que les démocrates voulaient entendre »
« Obama passe à la vitesse supérieure », titre le Los Angeles Times, pour qui le nouveau message d'Obama tient en deux points : priorité à l'économie – sur un discours de trois quart d’heure, il y a consacré 16 minutes, contre 4 seulement à l'Irak et à l'Afghanistan, note le journal – et attaque en règle contre John McCain. Pour le Washington Post, plus conservateur, le candidat démocrate a délivré à son parti « le message qu'il voulait entendre », en présentant « une vision claire de la direction dans laquelle il voulait emmener le pays ».
Le site internet Politico pointe cependant les contradictions entre la nouvelle manière de faire de la politique, prônée par Barack Obama depuis le début de sa campagne, et la politique à l'ancienne, à laquelle il a eu recours jeudi à Denver.
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