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Afghanistan / France

Les talibans menacent de tuer «tous» les soldats français

Article publié le 04/09/2008 Dernière mise à jour le 04/09/2008 à 10:51 TU

Le journaliste Eric de Lavarène et la photographe Véronique de Viguerie ont rencontré les talibans qui affirment avoir tendu l'embuscade qui a coûté la vie à 10 soldats français le 18 août dernier. Leur reportage est publié par Paris Match dans son édition du 4 septembre. « Tant que vous resterez chez nous, nous vous tuerons. Tous », menace le « commandant Farouki », chef militaire taliban. Les talibans brandissent des Famas, le fusil d'assaut des forces françaises, pris aux soldats tombés dans l'embuscade. Eric de Lavarène revient sur cette rencontre qui a eu lieu dans la province de Laghman, entre Kaboul et les zones tribales pakistanaises. 

 

Patrouille dans Deh Sabz, un district de Kaboul, le 24 août 2008.( Photo : Sandra Calligaro )

Patrouille dans Deh Sabz, un district de Kaboul, le 24 août 2008.
( Photo : Sandra Calligaro )


Eric de Lavarène

journaliste

Ils sont plusieurs centaines de combattants et ils bénéficient d'une aide considérable qui vient du Pakistan, en hommes, en armes, en argent.

écouter 03 min 37 sec

04/09/2008 par Franck Weil-Rabaud


RFI :
Est-ce que vous pouvez nous raconter comment s’est déroulée la rencontre et est-ce que vous pouvez confirmer ce qu’on voit en particulier sur les photos publiées par Paris-Match, c’est à dire que ces combattants talibans ont récupéré du matériel pris aux soldats français ?

Eric de Lavarène : Je me trouvais avec une photographe. Seule la photographe a eu accès à ces combattants. Ils ne voulaient pas de deux personnes pour des questions de sécurité, pour des questions de leur propre sécurité. J’ai réussi à faire passer un questionnaire au commandant de ce groupe. Et sur les photos effectivement, il y a des uniformes français, un casque et un gilet pare-balles français, et surtout deux Famas (ce fusil mitrailleur français) et un talkie-walkie. En fait, ce sont les prises de guerre liées à l’embuscade contre les soldats français, les prises de guerre des talibans.

RFI : Vous avez bien eu confirmation que ce matériel français avait été récupéré sur les soldats tués lors de cette embuscade ?

Eric de Lavarène : Oui, absolument. Lors de l’entretien, le commandant affirme qu’ils ont eu des informations déjà avant l’embuscade, donc des informations qui leur ont permis de tendre cette embuscade. Le commandant nous a affirmé qu’ils avaient pu se préparer plusieurs heures avant, sur les lieux de l’embuscade, grâce à de solides informations, et que c’est le corps à corps qui a eu lieu entre les talibans et quelques soldats français qui a permis aux talibans de tuer les soldats français. C’est après ce corps à corps que les talibans ont récupéré tous ces objets sur les Français.

RFI : Dans cette interview, les combattants talibans affirment qu’ils continueront à s’en prendre aux soldats français tant qu’ils seront présents en Afghanistan. Est-ce que vous avez l’impression, au vu de cette interview, que les talibans se sont considérablement renforcés dans la zone où sont stationnées désormais les troupes françaises ?

Eric de Lavarène : En fait, il y a désormais une alliance solide entre les talibans, les membres d’al-Qaïda qui sont présents dans cette région, un certain nombre d’étrangers présents dans cette région et des combattants d’un chef de guerre qui s’appelle Gulbuddin Hekmatyar qui a fait allégeance aux talibans fin 2001.

Ils sont plusieurs centaines de combattants et surtout ils bénéficient d’une aide considérable qui vient du Pakistan. Le commandant de ce groupe nous a dit qu’il y avait des échanges d’argent, d’armes et d’hommes entre l’Afghanistan et le Pakistan. Je vous rappelle qu’il y a eu quatre groupes qui ont attaqué les soldats français. En tout, il y avait à peu près 140 combattants, et parmi ces combattants, on retrouve donc des combattants du chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar, il y a évidemment des talibans et il y aurait eu aussi des combattants étrangers. En tout cas, dans cette région, on peut l’affirmer, il y a des combattants étrangers.

Propos recueillis par Franck Weil-Rabaud