Article publié le 04/09/2008 Dernière mise à jour le 04/09/2008 à 10:51 TU
journaliste Ils sont plusieurs centaines de combattants et ils bénéficient d'une aide considérable qui vient du Pakistan, en hommes, en armes, en argent.Eric de Lavarène
RFI : Est-ce que vous pouvez nous raconter comment s’est déroulée la rencontre et est-ce que vous pouvez confirmer ce qu’on voit en particulier sur les photos publiées par Paris-Match, c’est à dire que ces combattants talibans ont récupéré du matériel pris aux soldats français ?
Eric de Lavarène : Je me trouvais avec une photographe. Seule la photographe a eu accès à ces combattants. Ils ne voulaient pas de deux personnes pour des questions de sécurité, pour des questions de leur propre sécurité. J’ai réussi à faire passer un questionnaire au commandant de ce groupe. Et sur les photos effectivement, il y a des uniformes français, un casque et un gilet pare-balles français, et surtout deux Famas (ce fusil mitrailleur français) et un talkie-walkie. En fait, ce sont les prises de guerre liées à l’embuscade contre les soldats français, les prises de guerre des talibans.
RFI : Vous avez bien eu confirmation que ce matériel français avait été récupéré sur les soldats tués lors de cette embuscade ?
Eric de Lavarène : Oui, absolument. Lors de l’entretien, le commandant affirme qu’ils ont eu des informations déjà avant l’embuscade, donc des informations qui leur ont permis de tendre cette embuscade. Le commandant nous a affirmé qu’ils avaient pu se préparer plusieurs heures avant, sur les lieux de l’embuscade, grâce à de solides informations, et que c’est le corps à corps qui a eu lieu entre les talibans et quelques soldats français qui a permis aux talibans de tuer les soldats français. C’est après ce corps à corps que les talibans ont récupéré tous ces objets sur les Français.
RFI : Dans cette interview, les combattants talibans affirment qu’ils continueront à s’en prendre aux soldats français tant qu’ils seront présents en Afghanistan. Est-ce que vous avez l’impression, au vu de cette interview, que les talibans se sont considérablement renforcés dans la zone où sont stationnées désormais les troupes françaises ?
Eric de Lavarène : En fait, il y a désormais une alliance solide entre les talibans, les membres d’al-Qaïda qui sont présents dans cette région, un certain nombre d’étrangers présents dans cette région et des combattants d’un chef de guerre qui s’appelle Gulbuddin Hekmatyar qui a fait allégeance aux talibans fin 2001.
Ils sont plusieurs centaines de combattants et surtout ils bénéficient d’une aide considérable qui vient du Pakistan. Le commandant de ce groupe nous a dit qu’il y avait des échanges d’argent, d’armes et d’hommes entre l’Afghanistan et le Pakistan. Je vous rappelle qu’il y a eu quatre groupes qui ont attaqué les soldats français. En tout, il y avait à peu près 140 combattants, et parmi ces combattants, on retrouve donc des combattants du chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar, il y a évidemment des talibans et il y aurait eu aussi des combattants étrangers. En tout cas, dans cette région, on peut l’affirmer, il y a des combattants étrangers.
Propos recueillis par Franck Weil-Rabaud