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France

Stagnation du taux de chômage

par Valentine Oberti

Article publié le 04/09/2008 Dernière mise à jour le 04/09/2008 à 23:44 TU

La ministre de l'Economie Christine Lagarde se félicite de la<br /> « résistance du marché de l'emploi dans un contexte défavorable. »(Photo : Reuters)

La ministre de l'Economie Christine Lagarde se félicite de la
« résistance du marché de l'emploi dans un contexte défavorable. »
(Photo : Reuters)

Pour la première fois en deux ans, le taux de chômage en France n'a pas bougé au deuxième trimestre de l'année en cours. Selon les chiffres de l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques), au sens du BIT, le Bureau International du Travail, 7,2% de la population active est au chômage, 7,6% en incluant les départements d'outre-mer, ce qui représente un peu plus de 2 millions d’actifs. Cette stagnation inquiète les spécialistes. Le gouvernement, lui, se félicite de ces chiffres.

Pendant plus de deux ans, le chômage a baissé sans discontinuer. Et tout d'un coup, il stagne, voire augmente pour certaines tranches d'âge.

Il a gagné quasiment un point chez les moins de 25 ans, atteignant les 18,3%. Chez les plus de 50 ans, c'est la même tendance qu'on observe : leur taux de chômage a dépassé la barre des 5%.

Le chômage a aussi recommencé à augmenter chez les femmes, qui sont avec les deux catégories précédentes, les populations actives les plus vulnérables : en période de retournement de la conjoncture, comme c'est le cas actuellement, ce sont celles qui paient le plus lourd tribut. « Les personnes les plus en marge du travail ont beaucoup plus de mal que par le passé à y trouver leur place », constate Alexander Law, économiste chez Xerfi, interrogé par l’AFP.

Optimisme gouvernemental contre inquiétude des spécialistes

Cela n’empêche pas le gouvernement de garder espoir. Christine Lagarde, ministre de l’Economie, se félicite même de la « résistance du marché de l’emploi dans un contexte défavorable ». Pour elle, ce sont de bons chiffres. « On aurait pu penser que le marché de l’emploi accuserait immédiatement le coup, mais là, il se stabilise », a-t-elle déclaré.

Mais là où le gouvernement voit de la stabilité, les économistes voient les signes avant-coureurs de la dégradation du marché du travail. Pour plusieurs d’entre eux, la décrue amorcée en 2006 marque le pas, à la faveur d’une conjoncture économique difficile. « La baisse du PIB de 0,3 point au deuxième trimestre s’est traduite quasi immédiatement sur le marché du travail », selon Nicolas Bouzou, de la société d’analyse Astères. Et ils poussent le raisonnement plus loin encore : le chômage pourrait ne pas se contenter de stagner, mais augmenter jusqu’à 7,5%, voire 8% en fin d’année.

Miser sur la croissance ou créer des emplois ?

D’autres économistes voient l’avenir plus rose : « Je pense que le chômage va rester grosso modo assez stable. Il faudra attendre sans doute la fin de l’année, ou début 2009, quand il y aura un rebond de la croissance pour que les chiffres bougent à nouveau », estime Christian de Boissieu, président délégué du Conseil d’Analyse Economique.

Peut-on cependant compter sur un rebond de la croissance ? Elle était négative au deuxième trimestre. Et même avec un PIB (Produit Intérieur Brut) stable au troisième trimestre et en progression de 0,3% au quatrième, cela ne sera pas suffisant pour faire reculer le chômage.

« La situation ne pourra se rétablir que grâce aux créations massives de postes, et eu égard à la situation conjoncturelle, cela ne devrait pas se produire avant le deuxième semestre 2009 », estime Alexander Law. Autrement dit : pas avant un an.

Une hypothèse peu probable quand on regarde les chiffres qu’avaient publiés l’INSEE en août dernier sur les destructions de postes : 12 200 emplois de moins dans les secteurs marchands au deuxième trimestre, alors qu’il y avait des créations d’emplois lors des trimestres précédents.

Un autre indicateur donne le ton : celui qui mesure le sous-emploi, c’est-à-dire les personnes à temps partiel ou qui souhaitent travailler plus d’heures. Les personnes en sous-emploi ont augmenté d’un demi-point, atteignant 4,9% de la population active, soit 1,3 millions d’actifs.

Ces différents constats n’empêchent pas le gouvernement de tabler sur un taux de chômage de 5% en 2012.

A écouter

Analyse de Christian de Boissieu

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