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Campagne présidentielle américaine

Les républicains face au «Palin-Power»

par Stefanie Schüler

Article publié le 04/09/2008 Dernière mise à jour le 05/09/2008 à 07:24 TU

L’enjeu de ce premier rendez-vous avec la scène nationale a été crucial pour la colistière de John McCain. Après des jours tourmentés par des révélations embarrassantes sur son passé, Sarah Palin devait conquérir les républicains et se présenter devant les Américains qui, pour la plupart, n’avaient jamais encore entendu parler de cette jeune gouverneure de l’Alaska qui brigue la vice-présidence des Etats-Unis.

La jeune colistière Sarah Palin, 44 ans, devant la convention républicaine réunie à Saint Paul (Minnesota, nord), le 3 septembre 2008.(Photo: Reuters)

La jeune colistière Sarah Palin, 44 ans, devant la convention républicaine réunie à Saint Paul (Minnesota, nord), le 3 septembre 2008.
(Photo: Reuters)

Elle est déterminée, Sarah Palin, quand elle se présente devant les délégués de la convention républicaine ce mercredi soir. Déterminée à arrêter net les critiques, les doutes, les rumeurs la concernant qui circulent depuis lundi, jour où la nouvelle de la grossesse de sa fille, mineure, fait la une de tous les journaux à travers les Etats-Unis. La femme qui arrive sur le podium du Xcel Center à Saint Paul (Minnesota) est prête à sortir ses griffes. Sa tâche s’annonce pour le moins complexe : elle doit conquérir l’opinion publique américaine pour qui elle est une parfaite inconnue, convaincre ceux des républicains qui se sont montrés sceptiques à son égard et elle doit faire le travail pour lequel John McCain l’a engagée, à savoir attaquer l’équipe adverse, le ticket démocrate Obama-Biden.

« Je ne suis pas de l’establishment politique éternel et j’ai bien compris ces derniers jours que si vous n’êtes pas un membre connu de l’élite de Washington, alors certains dans les médias disqualifient une candidate pour cette raison », lance Sarah Palin en faisant référence à la tempête médiatique au cœur de laquelle la colistière républicaine se retrouve depuis le début de la semaine. Populiste mais habile, elle ajoute : « Je ne vais pas à Washington pour avoir leur bénédiction mais pour servir le peuple américain ».

Révélations embarrassantes

Depuis lundi, les médias américains n’en finissent plus de dévoiler des détails embarrassants du passé de la potentielle future vice-présidente des Etats-Unis. Sarah Palin a beau reconnaître que sa fille Bristol, âgée de 17 ans, est enceinte, célibataire, et que John McCain connaissait cette information avant de la choisir comme colistière, rien n’y fait : on apprend que Sarah Palin est sous le coup d’une enquête parlementaire de son Etat sur un supposé délit d’influence. Elle aurait licencié abusivement un responsable de la police locale parce qu’il aurait refusé de licencier un agent de police qui se trouvait être l’ex-beau frère de Sarah Palin. La colistière s’est contentée de déclarer, lundi, qu’elle avait embauché un avocat pour la représenter dans cette affaire.

Plusieurs médias rapportent également que la jeune gouverneure a été membre du parti indépendantiste de l’Alaska au début des années 1990. Cette information est démentie immédiatement. L’équipe de campagne républicaine tente d’expliquer que c’est Todd Palin, son époux, qui aurait appartenu au parti sécessionniste. Mais à partir de là, le camp McCain est visiblement sous pression et préfère divulguer de lui-même un autre détail du passé de la famille Palin : il y a une vingtaine d’années, Todd a été arrêté pour conduite en état d’ivresse. Enfin le Washington Post révèle que Mme Palin n’a été soumise à une interview poussée du camp McCain sur son passé que deux jours avant l’annonce de sa nomination. Depuis, une douzaine de responsables républicains, dont des avocats, sont donc partis pour l’Alaska afin de passer au peigne fin le passé de la colistière et éviter ainsi d’autres mauvaises surprises au cours de la campagne à venir. Pour un électorat conservateur, tout cela n’est pas très alléchant.   

Combative

Face à ces révélations, Sarah Palin a gardé depuis lundi le silence au point que certains commentateurs politiques à Washington se posaient la question de savoir si la colistière n’était pas en quarantaine. Mais la Sarah Palin qui est montée sur la scène du Xcel Center à la convention républicaine se montre combative. Sans détour elle se lance dans une attaque virulente contre Barack Obama : « Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui n’est pas seulement une communauté. Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui n’a pas seulement besoin de quelqu’un qui l’organise autrement et tout ira bien », affirme-t-elle devant des républicains qui agitent enthousiasmés des pancartes sur lesquelles sont marqués en grandes lettres les mots « Palin Power ». La jeune gouverneure se montre fière de son expérience politique : « Avant de devenir gouverneure du grand Etat de l’Alaska, j’ai été maire de ma ville d’origine. Et puisque nos adversaires à cette élection présidentielle semblent s’intéresser à cette expérience, laissez-moi leur expliquer ce que ce travail implique. Selon moi, le maire d’une petite ville est une sorte d’animateur social, à la différence qu’il occupe de véritables responsabilités », lance-t-elle. Une référence implicite à Barack Obama qui a été travailleur social à Chicago.

Le discours de Sarah Palin a électrisé une convention républicaine en manque d’enthousiasme. Et quand John McCain la rejoint avec sa famille sur la scène et demande à l’audience « vous ne trouvez pas qu’on a fait le bon choix pour la prochaine vice-présidente des Etats-Unis ? », l’effervescence est à son comble. Avec son discours, Sarah Palin semble avoir gagné son pari malgré deux impasses : elle n'a parlé ni d’économie ni de la dégradation du mode de vie des Américains. Pourtant, ce sont précisément ces deux sujets qui constituent, selon les derniers sondages, la principale source de préoccupation de ses compatriotes.

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