Article publié le 05/09/2008 Dernière mise à jour le 05/09/2008 à 13:46 TU
La campagne américaine est ouverte. Le sénateur de l'Arizona, John McCain, a officiellement accepté d'être le candidat républicain à la présidentielle du 4 novembre. Dans un discours aux accents guerriers, il a invité les Américains à se battre à ses côtés pour « faire l'histoire ». Selon un sondage de CBS, John McCain et son concurrent démocrate, Barack Obama, seraient à égalité, à 42%.
Avec notre envoyée spéciale à St Paul Minneapolis, Anne Toulouse
Jeudi soir, l'émotion du public n’était pas très forte. L'atmosphère était différente de la veille, lors notamment du discours de Sarah Palin, ou de celui de l’ex-maire de New-York, Rudy Giuliani. Ils avaient fait hurler et trépigner l’assistance.
Mais ce n’est pas le genre de John McCain de soulever les foules. Le sénateur de l'Arizona n’est pas un tribun, et il est d'ailleurs physiquement limité dans ses gestes par ses blessures de guerre. De plus, le candidat a laissé à son entourage les discours virulents, pour adopter un ton plus rassembleur.
Au-delà du public présent à Saint Paul, John McCain s'est adressé au reste du pays, en disant, par exemple, qu’il ferait rentrer des indépendants et des démocrates dans son gouvernement, ce qui n’a pas mis l’assistance en joie.
L’un des mots qu'il a le plus souvent prononcé et dont lui-même s’est prévalu, est « maverick », c'est à dire esprit libre, personne qui sort des sentiers battus. John McCain a insisté sur ce caractère indépendant, a rappelé qu’il n’avait jamais vraiment roulé pour un parti, ce qui fait sans doute son succès en général, mais par forcément le bonheur d’une convention républicaine.
McCain tente de charmer les indépendants
L’opinion, en ce moment, ne va manifestement pas dans le sens des Républicains. En fait, jusqu’à présent, les prestations de John McCain se situent bien au-dessus de celle de son parti. Tout simplement grâce à son attrait auprès de ces fameux électeurs indépendants, qui sont la troisième force politique aux Etats-Unis.
Candidat républicain à l'élection présidentielle américaine
« Lorsqu'on vous dit qu'on va changer Washington et arrêter de laisser les problèmes de notre pays aux générations futures, vous pouvez compter là-dessus. »
Une force informelle, puisque par définition ils ne sont affiliés à aucun parti. C’est grâce à eux que John McCain a emporté la nomination républicaine, car la plupart du temps, les indépendants peuvent participer à la sélection des deux partis.
Jeudi soir, il leur a donc envoyé un message, affirmant qu’il était comme eux, « encore et encore, a-t-il dit, j’ai travaillé avec les deux partis pour réparer ce qui devait l’être ».
Contrairement à Barack Obama, qui la semaine dernière a pu faire un discours pugnace qui s’adressait directement à la base démocrate, John McCain ne peut pas, lui, s’identifier à la base républicaine, d’abord parce qu’elle a rétrécie et ensuite parce que le parti ne forme pas son fonds de commerce.
Candidat républicain à l'élection présidentielle américaine
« Je maintiendrai les impôts bas, et je les réduirai là où je pourrai. Mon adversaire les augmentera. J'ouvrirai de nouveaux marchés pour nos biens et services. Mon adversaire les fermera. »
Candidat républicain à l'élection présidentielle américaine
« Quand je serai président je travaillerai à établir de bonnes relations avec la Russie, pour que l'on n'aie pas à craindre un retour de la guerre froide. »
John McCain, un héros anticonformiste, par Anne Toulouse |
John McCain peut savourer non seulement une victoire mais aussi une revanche. Il y a huit ans, il a perdu l’investiture républicaine dans un combat amer contre George Bush.
L’été dernier, tout le monde donnait sa campagne pour morte, mais John McCain est un survivant. Il a résisté pendant six ans à des tortures quotidiennes lorsqu’il était prisonnier au Vietnam.
Reconverti à la vie politique, il n'a jamais cherché la facilité. Il affirme lui-même qu’il ne gagnerait sans doute pas un concours de popularité au Sénat. Il s’est en effet attaqué aux intérêts particuliers, au gaspillage des fonds publics et au financement des campagnes électorales. Il a été en guerre contre son propre parti aussi souvent que contre le parti adverse, parfois, les deux en même temps.
Au cours des deux dernières années, il a défendu avec passion deux causes impopulaires, aux deux extrémités de la vie politique : l’immigration et la guerre en Irak. C'est sur cette double image, de héros et d'anticonformiste, qu'il joue sa campagne. Ses handicaps sont grands. Il représente un parti en perte de vitesse et à 72 ans, il est le candidat le plus âgé à une première élection. |