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Zimbabwe

Accord pour un gouvernement d'union

par  RFI

Article publié le 11/09/2008 Dernière mise à jour le 12/09/2008 à 04:34 TU

Le leader de l'opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai anime une conférence de presse à Harare, au terme de l'annonce d'un accord avec le président Robert Mugabe, grace à la médiation du Sud-africain Thabo Mbeki.( Photo : AFP )

Le leader de l'opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai anime une conférence de presse à Harare, au terme de l'annonce d'un accord avec le président Robert Mugabe, grace à la médiation du Sud-africain Thabo Mbeki.
( Photo : AFP )

La nouvelle est désormais officielle : un accord pour un partage du pouvoir a été conclu au Zimbabwe entre le pouvoir et l'opposition.  Robert Mugabe, Morgan Tsvangirai et Arthur Mutambara se sont mis d'accord pour former un gouvernement d'union nationale. Le texte sera formellement ratifié lundi lors d'une cérémonie officielle. En arrachant cet accord très attendu, le médiateur sud-africain Thabo Mbeki met provisoirement un terme à une crise politique née de la réélection contestée de Robert Mugabe.

« Nous avons un accord. » C'est Morgan Tsvangirai, qui par ces simples mots prononcés à sa sortie d'une dernière réunion, a été le premier à faire filtrer l'information.

Quelques minutes plus tard, Thabo Mbeki, lors de son point de presse, n'a pas donné le contenu de l'accord, qui sera publié lundi matin. Une chose est cependant acquise : Morgan Tsvangirai sera le futur premier ministre de Robert Mugabe.

Thabo Mbeki

Président sud-africain

« Nous sommes parvenus à un accord, unanime, adopté sans aucune réserve aucune, par toutes les parties aux négociations. »

écouter 00 min 37 sec

11/09/2008 par Nicolas Champeaux


La crise politique zimbabwéenne a donc peut être trouvé son épilogue mais en l'absence d'informations précises sur ce texte, quelques questions méritent d'être posées.

Quelle sera l'étendue des pouvoirs du nouveau premier ministre ? Quelle sera la répartition des ministères entre les différentes formations politiques ? Combien de temps durera la transition ? Qui aura la main sur les services de sécurité ?

Morgan Tsvangirai avait juré qu'il préférait sortir des discussions sans accord plutôt qu'avec un mauvais accord. On peut donc supposer que le candidat du MDC à la présidentielle a eu gain de cause sur une bonne partie de ses demandes.

Reste maintenant une dernière question, qui trouvera sa réponse dans les prochains mois : saura-t-il éviter les pièges que les barons du régime ne manqueront pas de lui tendre ?

Plusieurs pontes de la ZANU PF réfléchissent depuis plusieurs mois à la stratégie pour conserver le pouvoir une fois que Robert Mugabe aura tiré sa révérence.

Mugabe, 84 ans et au pouvoir depuis l'indépendance en 1980

Pour le père de l'indépendance zimbabwéenne, ce partage du pouvoir avec Morgan Tsvangirai est dur à avaler.

Robert Mugabe n'a en effet jamais caché son mépris pour celui qu'il considère comme une marionnette de l'occident. Depuis près de 10 ans, il a multiplié les déclarations incendiaires contre le leader du MDC et pendant la campagne, il a juré que jamais il ne cèderait son pouvoir à son rival de l'opposition.

Faut il y voir un signe de son mécontentement ? Hier, il est resté silencieux et c'est son ennemi intime qui est venu annoncer à la presse qu'un accord avait enfin été trouvé.

Reste que renoncer à une partie de ses prérogatives était devenu inévitable pour le vieux président. A sa grande surprise, Robert Mugabe a été désavoué lors du premier tour des élections, il a été lâché par une partie de ses pairs africains, mis sous pression par les sanctions internationales et a échoué dans ses manoeuvres pour diviser un peu plus les deux branches du MDC.

Finalement, après 28 ans de présidence, le chef de l'Etat se voit dans l'obligation d'abdiquer d'une partie de ses pouvoirs. A moins que dans son esprit cet accord ne soit qu'une redite de celui signé en 1987 avec Joshua Nkomo. Robert Mugabe avait alors accepté de réintégrer son rival de l'indépendance au gouvernement pour mieux absorber son mouvement et le faire disparaître.