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Niger

Moussa Kaka en prison depuis un an

par Christine Muratet

Article publié le 18/09/2008 Dernière mise à jour le 19/09/2008 à 00:42 TU

Le correspondant de RFI au Niger, Moussa KakaDR

Le correspondant de RFI au Niger, Moussa Kaka
DR

Le jeudi 20 septembre 2007, le correspondant de RFI au Niger, directeur de la radio Saraounia à Niamey, a été arrêté et écroué. Le 26 septembre, il a été inculpé pour « complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat »  pour ses liens présumés avec les rebelles touaregs du MNJ. De liberté provisoire refusée en dessaisissement de magistrats, Moussa Kaka vient d’achever une année complète dans une cellule de la maison d’arrêt de Niamey, sans savoir ce que lui réserve l’avenir.

Depuis un an, la cellule « Pretoria » de la prison civile de Niamey a un surnom : la cellule de Moussa. Moussa Kaka, 47  ans, journaliste nigérien, est devenu le détenu le plus célèbre de ce centre de détention. Depuis douze mois, il partage les 12 m2 de sa cellule avec d’autres compagnons d’infortune. Ils sont seize actuellement autour d’un ventilateur et d’un poste radio pour capter les chaînes internationales. Moussa occupe ses longues journées à la lecture, à la palabre (il reçoit de nombreuses visites) et à la séance télé, le soir, dans la courette qui fait office de salle télé.

Chaque matin, les gardes passent de cellule en cellule pour faire l’appel et  vérifier le nombre exact des détenus. Ils sont 1 000 actuellement. 1 000 pour 300 places ! « La  prison en Afrique ce n’est pas comme chez vous », expliquait Jamila, l’épouse de Moussa, à la presse française lors de son passage à Paris en mai dernier. Une natte jetée au sol en guise de lit et la famille qui doit subvenir aux besoins personnels du prisonnier. Chaque jour, la famille et les amis de Moussa se relaient pour lui apporter les repas qui servent aussi à nourrir plusieurs de ses codétenus, moins chanceux.

Moussa était auparavant une personnalité, « il est devenu un symbole depuis qu’il est en prison », explique un de ses amis. Des confrères journalistes, des représentants de la société civile, beaucoup d’anonymes et « même des gens proches du pouvoir » viennent lui rendre visite. « Depuis que la justice a rendu son ordonnance de non-lieu en juillet dernier, les plus sceptiques lui apportent leur soutien », ajoute ce proche.

Le 23 juillet dernier, un non-lieu a en effet été prononcé. Le procureur général de la République a fait appel de ce non-lieu. Depuis le début, le feuilleton judiciaire de cette affaire est émaillé de nombreux retournements.  

A deux reprises, les juges en charge du dossier ont demandé une remise en liberté du journaliste. A deux reprises, le parquet l’a refusée. En novembre, le premier juge a estimé que les écoutes téléphoniques, seul élément à charge contre Moussa Kaka, étaient illégales. Le juge a ensuite été dessaisi du dossier et les écoutes réintroduites comme preuve de culpabilité par la Cour d’appel.

C’est encore la Cour d’appel qui tranchera le 7 octobre prochain et qui devra dire si elle confirme l’ordonnance de non-lieu ou si les faits reprochés à Moussa Kaka doivent être requalifiés, comme le demande le procureur général de la République du Niger. D’après le Ministère public, Moussa Kaka devrait désormais être poursuivi pour avoir commis des « actes tendant à nuire à la défense nationale en temps de guerre », un délit, et non plus pour « complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat », un crime. Si les juges suivent le procureur, alors Moussa Kaka serait passible d’un an à cinq ans de prison et d’un million à cinq millions de francs CFA d’amende.

Réponse le 7 octobre. A ce moment là, Moussa Kaka aura déjà passé 384 jours en prison.