par Sylvain Biville
Article publié le 19/09/2008 Dernière mise à jour le 19/09/2008 à 19:46 TU
Le sénateur Barack Obama et ses partisans lors d'un rassemblement à l'université de Miami, en Floride, le 19 septembre 2008.
(Photo : Reuters)
Pour Barack Obama, le mois de septembre avait très mal commencé. A peine la convention démocrate de Denver terminée, fin août, tous les projecteurs se sont tournés vers le camp républicain, revigoré par le choix surprise de Sarah Palin comme candidate à la vice- présidence. Et la déferlante « Sarah Barracuda » venue d’Alaska a rendu le sénateur de l’Illinois inaudible pendant plusieurs semaines, jusqu’à l’effondrement du système financier, qui a à nouveau rebattu toutes les cartes, dans une course à la Maison Blanche décidément riche en rebondissements.
« En termes strictement politiques, la crise est une bénédiction pour Obama », écrit le Boston Globe. La faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers, la nationalisation de fait de l’assureur AIG, redonnent des arguments au candidat démocrate pour se poser en porte-drapeau du changement face à John McCain, présenté comme l’homme du « troisième mandat de George Bush ». Barack Obama reste le candidat auquel les électeurs font le plus confiance pour résoudre les problèmes économiques, priorité numéro un des Américains.
L’ « effet Palin » s’essouffle
La dynamique dont bénéficiait le candidat républicain est retombée. L’ « effet Palin », sur lequel il surfait depuis le début du mois, ne semble pas avoir fait long feu. Après la surprise de la nouveauté, les opinions positives sur la gouverneure de l’Alaska sont en baisse, les avis négatifs, en revanche, grimpent. La colistière de John McCain n’a pas permis au ticket de percer significativement chez les indépendants ni dans l’électorat féminin encore largement acquis au candidat démocrate, selon un sondage New York Times/CBS (54% contre 38%).
Le choix de Sarah Palin a malgré tout un effet positif en remobilisant la base conservatrice, qui avait jusque-là le moral en berne. Le parti républicain, plombé par l’impopularité de George Bush, retrouve des couleurs. Depuis que John McCain s’affiche avec sa colistière, ses meetings affichent complet et réunissent jusqu’à 20 000 personnes, contre quelques centaines de supporters et beaucoup de chaises vides quand il faisait campagne seul.
Retour à la case départ
Barack Obama termine la semaine avec un léger avantage de deux points (47% contre 45% pour John McCain), selon une moyenne réalisée par le site RealClearPolitics. En fin de compte, c’est un retour à la case départ. Après le yoyo des sondages pendant ces six dernières semaines, avec une actualité politique abondante (la crise en Géorgie, le choix des vice-présidents, les conventions, les caprices du climat, l’effondrement de Wall Street), le duel Obama-McCain retrouve son étiage du début de l’été.
Mais à moins de 50 jours du scrutin, tous les sondeurs font preuve d’une extrême prudence. Les chiffres nationaux sont très peu parlants dans une élection qui se joue Etat par Etat. Les sondages réalisés dans la dizaine d’Etats-clés laissent présager un résultat très serré. Avec beaucoup d’interrogations, notamment sur la mobilisation des nouveaux inscrits sur les listes électorales. Bill Clinton prédit « une course difficile jusqu’à la fin ». L’ancien président, désormais supporter inconditionnel de Barack Obama, prévient qu’il faudra « travailler dur » pour gagner le 4 novembre.