par RFI
Article publié le 29/09/2008 Dernière mise à jour le 30/09/2008 à 07:47 TU
Le Premier ministre belge Yves Leterme a annoncé ce mardi matin qu’un accord était intervenu entre son gouvernement et les exécutifs français et luxembourgeois. Ensemble, ils vont injecter 6,4 milliards d’euros dans le bancassureur franco-belge Dexia.
Les négociations ont duré toute la nuit. Cette injection vise donc à rassurer les marchés après le dévissage en bourse de l’action Dexia qui a perdu lundi près de 30%. Il fallait absolument sauver l’établissement qui est spécialisé dans les prêts aux collectivités locales.
L’objectif était de présenter un plan avant l’ouverture des marchés et d’éviter une nouvelle journée noire sur les bourses européennes.
Dexia est née il y a 12 ans de la fusion du Crédit Local de France et du Crédit communal de Belgique. Sa principale activité aujourd'hui est le financement des collectivités locales, dans plus de 30 pays. Une activité qui lui impose de se financer en grande partie sur les marchés financiers ou dans des opérations d'emprunt auprès d'autres banques. Dans un contexte de méfiance généralisée, ces sources se tarissent dangereusement.
Ces derniers mois le groupe n'est pas non plus sorti indemne de la crise des prêts hypothécaires à risque aux Etats-Unis. Sa filiale américaine FSA a, à elle seule, provoqué une chute de 32 % de son bénéfice au deuxième trimestre.
Nationalisation partielle du groupe belgo-néerlandais Fortis
Les trois Etats du Benelux se sont portés au secours du groupe de bancassurance Fortis, en difficulté après le rachat coûteux en 2007 de son concurrent néerlandais ABN Amro. La Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg se sont engagés à fournir 49% du capital de chacune des filiales de Fortis dans ces trois pays, en injectant au total 11,2 milliards d'euros dans le groupe de bancassurance. Une semi-nationalisation donc mais les trois gouvernements ont voulu éviter la faillite ou la vente du groupe de bancassurance, qui auraient eu de graves répercussions.
« Notre ambition n'est pas de rester présents dans le capital », s'est justifié le ministre belge des Finances, mais « il fallait d'abord garantir les déposants en maintenant l'activité de Fortis », a expliqué Didier Reynders.
Fortis est un groupe qui représente : six millions de clients dans le monde, rien que pour la banque de détail ; 2 500 agences dans toute l'Europe ; le premier assureur du Benelux ; et l'une des premières banques pour le financement des ménages et des entreprises dans ces trois pays. Rien qu'en Belgique, Fortis regroupe la moitié des dépôts bancaires.
Au Pays-bas, en un siècle, Fortis est aussi devenu le premier propriétaire foncier, le groupe joue ainsi un rôle de premier plan dans l'aménagement du territoire, comme lors du réaménagement des marais néerlandais.
Fortis, c'est aussi 85 000 emplois, dont un tiers au Benelux, et 25 000 en Belgique, où le groupe est le premier employeur du secteur privé.
La semi-nationalisation du groupe de bancassurance permet au moins pour un temps de garantir les emplois, reconnaît le ministre belge des Finances. Quant aux syndicats belges, ils considèrent que « cette solution permet d'éviter le pire : la casse sociale ».
Fortis détient 25% de la Banque commerciale du Congo |
La crise financière qui touche essentiellement les banques américaines et européennes concerne peu le continent africain. Sauf que, dans le cas de la banque belgo-néerlandaise Fortis, en partie nationalisée par les Etats du Benelux, dont l'Etat belge, les conséquences ne sont pas nulles. Particulièrement en République démocratique du Congo. Conséquence directe pour la Banque Commerciale du Congo : c'est l'Etat belge qui s'empare indirectement des 25 % de Fortis. Une situation inédite qui ne peut que nous affecter, nous a-t-on dit à Kinshasa. Les relations pour le moins difficiles entre Kinshasa et Bruxelles sur ce dossier ne devraient pas s'améliorer. De fait, les autorités congolaises se sont irritées à plusieurs reprises de la lenteur de l'opération de vente des actions de Fortis dans la banque Commerciale du Congo. Aujourd'hui, s'interroge une source proche du dossier à Kinshasa, ce processus de cession est-il gelé ? C'est notre inquiétude, résume cette source, qui craint aussi une contraction du crédit et un gel des investissements au Congo. Rien ne dit non plus que l'Etat belge, désormais actionnaire de la BCDC, ne va pas remettre en cause la vente. Quoi qu'il en soit, assure-t-on à Kinshasa, l'Etat congolais qui détient 25 % du capital de la Banque Commerciale du Congo devrait pouvoir avoir son mot à dire sur la suite. |