par Myriam Berber
Article publié le 16/10/2008 Dernière mise à jour le 16/10/2008 à 16:43 TU
La France et l’Allemagne appellent à la disparition des paradis fiscaux, comme le prélude à la refonte du système financier international. Le Liechtenstein est considéré comme un paradis fiscal « non coopératif » par l’OCDE, au même titre que Monaco et Andorre.
(Photo: Reuters)
L’euphorie des Bourses est retombée. Les craintes de récession ont fait replonger les marchés. L’attention se porte désormais sur les risques de contagion à l’économie réelle. La crise est clairement à un tournant. Alors que de part et d’autre les plans bancaires européens et le plan américain nouvelle mouture se mettent en place, les appels à réformer la finance mondiale se multiplient. Le Premier ministre britannique Gordon Brown et le président français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne, ont appelé, ensemble, les leaders mondiaux, à se réunir pour mettre en place une refonte des institutions financières fondées par la conférence de Bretton Woods en 1944.
La tempête actuelle a, en effet, prouvé que ces institutions n’étaient plus adaptées à la forte interpénétration des marchés financiers contemporains. « Il faut parfois une crise pour que les uns et les autres se rendent compte que ce qui aurait dû être fait il y a des années ne peut plus être remis à plus tard. Mais maintenant nous devons créer la nouvelle architecture qui saura répondre à la mondialisation », a indiqué Gordon Brown. Pour Nicolas Sarkozy , «il faut également un nouveau Bretton Woods destiné à refonder le capitalisme financier». Manifestement, ce message a convaincu, puisque désormais les Etats-Unis et tous les pays européens soutiennent l’idée d’une refonte du système financier international, et d’une conférence internationale sur le sujet d’ici la fin de l’année. Elle pourrait avoir lieu à New York et prendre la forme d’un G8 élargi aux plus grandes économies émergentes.
Agences de notation, fonds spéculatifs et paradis fiscaux
Les grands contours de ce que pourrait être cette réforme mondiale ont déjà été largement esquissés. Ce nouveau Bretton Woods devrait s’articuler autour de trois axes. En premier lieu, la mise en place d’un gouvernement économique mondial qui ne soit pas réduit aux pays industrialisés du G8 d’où sont absentes les grandes économies émergentes comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. L’idée n’est pas nouvelle. Déjà en juillet 2008 au sommet de Toyako au Japon, Nicolas Sarkozy avait proposé d’ouvrir le club fermé des pays riches aux cinq plus grandes économies émergentes : la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du sud, qui ont formé le G5, un groupe informel depuis 2005. Réticents au départ, les Etats-Unis viennent d’en accepter le principe. Il devrait en être question samedi lors d’une rencontre prévue à Camp David entre le président Bush, Nicolas Sarkozy et le président de la Commission européenne José-Manuel Barroso.
Ce nouveau Bretton Woods devrait également débattre des normes comptables internationales et du rôle des agences de notation. Mises en cause dans la crise des crédits hypothécaires à risques (« subprimes »), les agences de notation ont été notamment accusées d’avoir évalué avec trop de complaisance le profil financier d’établissements spécialisés dans les prêts immobiliers. Aucune institution financière ne devrait échapper à cette régulation, et notamment les fameux fonds spéculatifs (« hedges funds ») souvent basés dans des paradis fiscaux. « Des trous noirs comme les centres financiers offshore ne doivent plus exister, a lancé mardi le Premier ministre français François Fillon à l’Assemblée nationale. Leur disparition doit préluder à une refondation du système financier mondial ». Selon l’organisation Transparency International France, il y aurait une cinquantaine de paradis fiscaux dans le monde, dans lesquels « plus de 400 banques, deux tiers des 2 000 fonds spéculatifs et 2 millions de sociétés écrans » géreraient « près de 10 000 milliards de dollars d’actifs ».
Une « reconstruction » du Fonds monétaire international
La France et l’Allemagne réuniront le 21 octobre à Paris une vingtaine de pays de l’OCDE pour discuter des mesures à prendre pour lutter contre les paradis fiscaux. Une réunion prévue de longue date. En effet, l’Europe rassemble près de la moitié des paradis fiscaux dans le monde. Depuis des années, l’Allemagne cherche à mettre à mal le secret bancaire du Liechtenstein, considéré comme un paradis fiscal «non coopératif » par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), au même titre que Monaco et Andorre. En février 2008, un énorme scandale de fraude fiscale avait incriminé la Liechtenstein Global Trust (LGT), propriété de la famille princière. Sur ce sujet, Washington est d’accord avec Bruxelles pour imposer plus de contrôles.
Enfin dernier axe de réflexion : une reconstruction du Fonds monétaire international. « Le FMI doit être reconstruit pour s'adapter aux défis du monde moderne. Nous avons besoin d'un système d'alerte précoce pour l'économie mondiale », a déclaré Gordon Brown. La chancelière allemande Angela Merkel a, elle aussi, appelé à une réforme du Fonds monétaire international pour lui donner « un plus grand rôle de surveillance des marchés ». Le président français a également abordé cette question à Bruxelles. « Le FMI a dérivé comme une instance d'aide au développement, qui donnait son aval ou son refus à l'octroi de prêts, alors que l'ambition originelle au moment de Bretton Woods était d’en faire une institution internationale de régulation », a argumenté Nicolas Sarkozy.
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