Cameroun / Guinée équatoriale

Un opposant équato-guinéen enlevé à Yaoundé

par  RFI

Article publié le 23/10/2008 Dernière mise à jour le 23/10/2008 à 15:59 TU

Les relations entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale se sont dégradées, à la suite de l'enlèvement de l'opposant Cipriano Nguema Mba.
(Cartographie : RFI)

Un nouveau coup de froid dans les relations déjà tendues entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale. Le 7 octobre dernier, deux policiers camerounais ont kidnappé à Yaoundé un opposant équato-guinéen, réfugié politique au Cameroun. Ces policiers camerounais, qui viennent d’être arrêtés, ont agi pour le compte des services de renseignements de Guinée-équatoriale. Ils auraient perçu 15 millions de francs CFA (près de 23 000 euros) pour cet enlèvement. Cipriano Nguema Mba est incarcéré à la prison centrale de Malabo depuis presque deux semaines. Cet ancien colonel et trésorier de l'armée équato-guinéenne avait été condamné par la justice de son pays à 30 ans de prison, en 2005, pour une tentative de coup d'Etat contre le président Teodoro Obiang Nguema.

Le colonel Cipriano Nguema Mba n’avait pas donné de signes de vie depuis son enlèvement le 7 octobre dernier. Lors de son interpellation par les deux policiers camerounais corrompus il a eu, malgré tout, le temps de prévenir le représentant du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) à Yaoundé et c’est ainsi que l’alerte a été donnée.

Les deux policiers véreux ont été arrêtés par les autorités camerounaises et inculpés par la justice militaire d’ « intelligence avec un service de renseignements étranger ». Ils sont actuellement en prison dans l’attente d’une sanction et d’un procès.

Il s’agit d’une affaire très embarrassante pour le gouvernement camerounais qui se trouve, bien malgré lui, accusé de ne pas respecter la convention internationale sur la protection des refugiés politiques. Les autorités camerounaises sont très remontées et entendent maintenant demander des comptes à la Guinée-équatoriale. Le ministre des Relations extérieures du Cameroun devrait convoquer l’ambassadeur du pays voisin, mais il ira certainement au-delà, en demandant la restitution de l’opposant enlevé. Un retour qui semble peu probable, d’autant plus que les autorités de Malabo affirment qu’il a été « extradé du Cameroun vers la Guinée équatoriale pour purger sa peine de prison ». Le gouvernement camerounais pourrait envisager de rappeler à Yaoundé son ambassadeur à Malabo.

Cipriano Nguema Mba avait été condamné par contumace, en septembre 2005, en même temps qu’une centaine d’autres officiers, par un tribunal militaire équato-guinéen, à la suite d’un procès à huis-clos. En plus de la participation à la tentative de coup d’Etat contre le président Teodoro Obiang Nguema, il était accusé d’avoir emporté avec lui près de 500 millions de francs CFA (762 000 euros) destinés à la paie d’une partie du personnel militaire équato-guinéen.

Le président Teodoro Obiang Nguema dirige d’une main de fer son pays depuis 1979, après avoir renversé et fait fusiller Francisco Macias Nguema, son oncle et premier président de la République de la Guinée équatoriale. Ce petit Etat est devenu indépendant de l’Espagne en 1968. Il est actuellement le quatrième producteur de pétrole brut de l’Afrique subsaharienne, avec plus de 360 000 barils extraits par jour.