par Jean-Pierre Boris
Article publié le 28/10/2008 Dernière mise à jour le 31/10/2008 à 01:00 TU
Plus la date fatidique du 4 novembre se rapproche, plus les sondages sont scrutés avec anxiété. Chez les démocrates, on veut y lire la promesse d’une victoire assurée. Mais on se garde de crier victoire trop tôt. La crainte d’une démobilisation de l’électorat rôde. Chez les républicains, officiellement, on se garde de s’avouer vaincu. Mais dans les coulisses, on commence déjà à s’écharper, à chercher les responsables d’une défaite annoncée. Beaucoup de regards se tournent vers la candidate à la vice-présidence Sarah Palin, accusée de bien des maux. Et on incrimine les sondages, oiseaux de mauvais augure.
C'est John McCain qui a, le premier, souligné que les sondages octroyaient un avantage très excessif à son adversaire et que le 4 novembre, on verrait ce qu'on verrait. Lors d’une interview dans le cadre de la célèbre émission de la chaîne de télévision NBC Meet the Press, le sénateur de l’Arizona s’est plaint que les sondages l’aient « continuellement placé beaucoup plus loin derrière Barack Obama » que ce qu’il était réellement. « Nous avons resserré l’écart ces dernières semaines, a continué le candidat républicain à la présidence. Nous allons continuer à le faire la semaine qui vient. Et il faudra rester éveillé très tard pendant la soirée électorale ». Sous-entendu, le score sera très, très serré et il faudra attendre de longues heures avant de pouvoir départager les deux camps.
McCain veut limiter les dégâts
A vrai dire, le constat de John McCain n’était pas porteur de beaucoup d’espoir. Il ne se plaint pas d’être placé par les instituts de sondage « derrière » Barack Obama, mais « trop loin derrière ». Comme s’il avait intégré la réalité du rapport de force. Difficile de faire autrement. Depuis plusieurs semaines, les démocrates ne cessent de confirmer leur avance. Les temps où John McCain faisait jeu égal avec son concurrent, au moment de la convention du Parti démocrate, à la fin du mois d’août, sont révolus. Dans tous les secteurs, ou presque, de l’électorat américain, le sénateur de l’Illinois mène la danse, en particulier chez les femmes et chez les jeunes. A toutes les questions posées par les sondeurs, surtout en matière de politique économique, Obama est le plus convaincant. Même sur les questions militaires, le règlement de la guerre irakienne, il fait jeu égal avec son concurrent.
Pourtant, les voeux de John McCain ont été exaucés ces derniers jours. L’écart a commencé à se resserrer. Certains instituts affirmaient en fin de semaine dernière que Barack Obama perdait un point par jour. L’institut de sondage Zogby qui travaille avec l'agence de presse Reuters et est donc massivement repris par les médias du monde entier estime que l'écart n'est plus aujourd'hui que de 4%. Barack Obama y est crédité de 49% des voix contre 45% à John Mc Cain. D'autres instituts donnent moins de 3% d'avance au sénateur de l'Illinois.
Une avance stable pour Obama
Mais si l'on s'en réfère à l'indicateur quotidien établi par le site internet RealClearPolitics qui fait une moyenne des sondages les plus et les moins favorables à Obama, celui-ci conserve une avance de 7% sur McCain. L'écart moyen est stable. D'ailleurs, même chez Zogby, qui chiffre à 4% l'avance d'Obama, on ne donne pas très cher des chances de McCain. « A une semaine du scrutin, estime-t-on dans cet institut, McCain n'est pas au niveau où il devrait être pour espérer l'emporter. Et le temps commence à lui manquer ». Selon l’un des gourous du Parti républicain, le spécialiste électoral Karl Rove, qui a permis à George Bush de remporter les scrutins présidentiels de 2000 et de 2004, les jeux sont même faits. Barack Obama aurait plus de 350 grands électeurs et John McCain à peine 160.
C’est en effet un facteur qu’on aurait tort d’oublier. Ces sondages donnent l’impression trompeuse d’une circonscription électorale unique qui couvrirait tout le territoire américain. Quand, en réalité, il y a autant de circonscriptions que d’Etats. Ce n’est pas une bataille électorale qui a lieu. Il y en a 50. Et dans cette bataille, Etat par Etat, Obama est aussi largement en tête. Les Etats traditionnellement démocrates lui sont acquis. De plus, pour ce qui est des swing states les Etats qui peuvent basculer d’un côté ou de l’autre, il est donné en tête dans tous les Etats remportés en 2004 par le candidat démocrate John Kerry et dans les Etats gagnés alors par George W Bush. Mais certaines données restent difficiles à saisir comme par exemple l’impact qu’aura le « vote racial ». Des électeurs qui se refuseraient à voter Obama en raison de la couleur de sa peau.