par Claire Fages
Article publié le 29/10/2008 Dernière mise à jour le 29/10/2008 à 21:56 TU
A la Bourse de Francfort, l'action Volskwagen a atteint 520 euros lundi puis a dépassé les 1000 euros mardi, soit la plus forte capitalisation boursière du monde.
(Photo : AFP)
Cotée à 210 euros vendredi, sur la place de Francfort, l’action Volkswagen atteignait 520 euros lundi, puis dépassait 1 000 euros dans la journée de mardi, soit la plus forte capitalisation boursière du monde, devant Exxon Mobil !
Le titre du constructeur automobile ayant un poids prépondérant à la Bourse de Francfort, sa folle ascension entraînait l’indice Dax vers les sommets : + 11% à la clôture, mardi, à contre-courant des autres places européennes !
La flambée du titre a été alimentée par une révélation dimanche. Porsche, le très rentable constructeur de bolides de sport, annonçait contre toute attente qu’il avait réussi à rassembler 74,1% du capital de Volkswagen (42,6% directement et 31,5% sous formes d’options). Ce qui signifiait qu’il ne restait plus qu’une part infime de capital en Bourse, 6%, puisque l’Etat de Basse-Saxe en possède 20%. Cette raréfaction, en renchérissant l’action Volkswagen, a déclenché la panique des spéculateurs, qui avaient au contraire parié sur la baisse du titre !
Les dérives de la spéculation et de la « vente à découvert »
Depuis plusieurs semaines, les investisseurs, notamment les fonds d’investissement, estimaient que le cours du constructeur allemand était surcoté, étant donné la mauvaise santé de l’industrie automobile européenne. Et qu’il ne tarderait pas à se replier. Ils avaient donc vendu massivement des actions « à découvert ». C'est-à-dire qu’ils avaient emprunté des actions, pour les vendre aussitôt, dans l’espoir de les racheter moins cher, et donc de réaliser une plus-value.
Mais c’est l’inverse qui s’est produit, l’action a pris de la valeur. Pour limiter leurs pertes, les spéculateurs se sont alors rués sur les actions Volkswagen, accentuant encore le mouvement de hausse. Les fluctuations du titre ont atteint plusieurs dizaines de milliards de dollars par séance !
Seule l’intervention de Porsche, qui a décidé ce mercredi de relâcher 5% du capital de Volkswagen sur les marchés, a permis d’inverser la tendance. L’action du constructeur de la Golf est alors retombée de 45% à Francfort, ce mercredi, entraînant cette fois le Dax à la baisse, au contraire de tous les autres indices européens !
Chacun des acteurs reporte sur l’autre la responsabilité de ce dérapage boursier. Les investisseurs qui avaient vendu à découvert sont accusés d’avoir déclenché l’effet « boule de neige » sur le cours. On songe désormais à proscrire la « vente à découvert », déjà interdite sur les valeurs bancaires.
Les investisseurs reprochent de leur côté à Porsche son manque de transparence, d’avoir progressé sans le dire dans le capital de Volkswagen, de 42,6% à 74,1%, par le biais d’options sur les actions. Ils auraient aussi souhaité que la Bourse de Francfort intervienne, en retirant l’action Volkswagen de la cotation, mais la Deutsche Börse estime qu’elle n’a rien à se reprocher, que les règles du marché ont été respectées. Son image de sérieux est cependant très écornée après ce dérapage boursier.
Le gendarme de la bourse, Bafin, continue d’examiner les données sur les échanges du titre pour savoir s’il y a eu transaction délictueuse ou pas. Elle pourrait lancer une enquête formelle cette semaine.