Article publié le 31/10/2008 Dernière mise à jour le 01/11/2008 à 00:56 TU
Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) s'attend à devoir secourir au moins 30 000 nouveaux déplacés dans la province de Goma.
(Photo : Reuters)
Parler de retour à la normale serait prématuré. A Goma, l'activité reprend timidement. Dans le centre-ville, les échoppes ont levé leurs rideaux et les motos-taxis circulent à nouveau. Même si le gros de la troupe n'est pas revenu, on peut voir ça et là des grappes de soldats déambuler dans les rues, pendant que des blindés de la Monuc patrouillent dans la ville.
Les hommes de Laurent Nkunda, eux, ne sont encore qu'à quelques kilomètres de la capitale du Nord-Kivu. Pour les rencontrer, il faut prendre la route du nord, à une dizaine de kilomètres de Goma. On arrive dans le petit village de Kibati, plus un civil n'est présent. Le corps d'un soldat gît sur le sol, au milieu des cartons et des boîtes de munitions abandonnés par les forces armées congolaises. Seule une dizaine de rebelles du CNDP tiennent les lieux, ils n'ont pas l'air inquiet.
En poursuivant la route vers le nord, on aperçoit encore de petits groupes de combattants du CNDP dispersés le long de la piste de terre rouge. Les civils ne sont pas nombreux, la nouvelle offensive du général Nkunda les a encore une fois contraint à la fuite.
A Kibumba, à une dizaine de kilomètres plus au nord, un camp de déplacés est totalement vide. Dans cette petite localité, les populations encore présentes disent vouloir se rendre à Goma pour y retrouver des proches ou trouver de la nourriture. Mais d'après elles, les hommes de Nkunda les en empêchent. Pourquoi ? A cette question, un officier du CNDP refuse de répondre.Pas d'actions militaires européennes pour l'instant dans l'est du Congo démocratique. Telle est la décision des 27 pays de l'UE. Les 27 ambassadeurs siégeant au sein du Comité de politique et de sécurité ont repoussé la proposition mise en avant par la présidence française de l'Union, à savoir envoyer entre 400 et 1.500 militaires à Goma et dans le Nord-Kivu. La Belgique soutenait ce projet, elle préconisait même un contingent encore plus important, sensé apporter un soutien technique à la Monuc, la mission des Nations unies au Congo. Finalement, les réserves exprimées surtout par l'Allemagne ont prévalu. Les 27 ont décidé de privilégier une action diplomatique accrue. C'est dans ce contexte que les ministres britannique et français des Affaires étrangères entreprennent la tournée qui doit les conduire non seulement à Goma, mais aussi à Kinshasa et Kigali. C'est d'ailleurs en quittant Kigali pour se rendre à Kinshasa, ce vendredi, que le commissaire Louis Michel, chargé de l'action humanitaire européenne, a affirmé que la solution à la crise au Nord-Kivu était « à 95% entre les mains du gouvernement de la République démocratique du Congo ».Avec notre bureau de Bruxelles
Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire
« J'ai eu la confirmation, aussi bien du côté de Mr Kagamé que du côté de Mr Kabila, qu'il y a une volonté de régler le problème (...) et d'arrêter l'option militaire qui ne conduit nulle part. »
Secrétaire d’Etat à la Coopération et à la Francophonie
« La résolution de la crise passe, sans doute, par des discussions, par la négociation politique, mais ce déplacement (en RDC) a aussi un sens humanitaire auprès des populations qui souffrent. »