Article publié le 10/11/2008 Dernière mise à jour le 10/11/2008 à 03:16 TU
Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C’est la première fois que les Alévis descendent ainsi dans la rue pour réclamer la reconnaissance de leurs droits, en tant que communauté propre, parce que discriminée depuis des siècles, mais habituée jusque-là à la dissimulation, voir l’assimilation.
Ce silence, si les Alévis ont choisi de le rompre, c’est qu’ils sont sans doute les derniers à avoir bénéficié des ouvertures en matière de droits de l’homme et de libertés religieuses facilitées ces dernières années par le processus d’adhésion à l’Union européenne. Parce que le tabou est toujours fort à leur égard, d’autant plus quand c’est un gouvernement d’origine religieuse – et sunnite – qui est au pouvoir.
La fin d'un tabou
Les Alévis réclament notamment l’abolition des cours obligatoires d’éducation religieuse, où leur rite si différent et si progressiste est occulté, et la suppression de la puissante direction des Affaires religieuses, qui, de la même manière ne reconnait pas leurs lieux de cultes.
C’est là sans doute le dernier vrai tabou d’une Turquie dont le corset identitaire et idéologique craque de toutes parts, non sans forte résistance dans la société, mais il faudra bien entendre la voix de ceux qui représentent près d’un quart de la population, et qui n’ont jusque-là jamais eu voix au chapitre.