par Sylvain Biville
Article publié le 12/11/2008 Dernière mise à jour le 16/11/2008 à 15:34 TU
George Bush et Laura Bush accueillent le nouveau président élu Barack Obama et son épouse Michelle Obama, à la Maison Blanche, le 10 novembre 2008.
(Photo: Reuters)
Poignées de mains, embrassades, sourires devant les objectifs des caméras. La première visite à la Maison Blanche, moins d’une semaine après l’élection, de Michelle et Barack Obama, à l’invitation de Laura et George Bush, a été parfaitement orchestrée médiatiquement. Le président sortant – « 43 », comme le surnomme la presse américaine, puisqu’il est le 43e à occuper la fonction depuis George Washington - a qualifié de « productif et amical » son tête-à-tête dans le bureau ovale avec celui qui lui succèdera le 20 janvier – « 44 » - et il a promis une transition en douceur. Barack Obama, de son côté, s’est félicité de l’esprit constructif de cette rencontre.
Derrière cette entente cordiale, chacun cherche en fait à marquer son territoire pendant cette période délicate entre l’élection du 4 novembre et l’investiture du 20 janvier 2009. Barack Obama a fait campagne sur le slogan du « changement », en utilisant George Bush comme épouvantail. Les 450 personnes de son équipe de transition ont commencé à travailler activement, dans les locaux mis à leur disposition à Washington, ainsi qu’à Chicago, où le président élu a passé l’essentiel de son temps depuis son élection. « Il n’y a qu’un seul président des Etats-Unis », répète-t-il, par égard pour l’actuel locataire de la Maison Blanche, mais surtout pour ne pas se lier à la moindre initiative prise par George Bush. C’est pour cela qu’il a décliné l’invitation à se rendre au sommet du G20 sur la crise financière, qui réunira vendredi à Washington les dirigeants des pays les plus industrialisés et des pays émergents.
Sur plusieurs dossiers déjà, Barack Obama affiche une volonté de rupture, qui contraste avec la sérénité affichée dans le passage de relais entre les deux administrations.
L’aide à l’industrie automobile : C’est l’un des premiers accrocs de la transition. Les dirigeants démocrates ont confirmé mardi qu’ils soumettraient, dès la semaine prochaine, au Congrès, un plan de sauvetage de General Motors. L’ex-numéro un mondial de l’automobile, dont les ventes de voitures ont chuté de 45% en octobre, a déjà gelé le paiement des frais médicaux de 100 000 retraités. Et en cas de faillite, ce sont 2 millions et demi d'emplois qui seraient menacés. Barack Obama a lui aussi pressé George Bush de donner son feu vert à une aide substantielle à ce secteur clé de l’économie américaine. Le président sortant rechigne à puiser dans les 700 milliards de dollars débloqués pour le secteur financier, craignant un effet contagion à l’ensemble de l’industrie. George Bush pratique également une forme de marchandage, en remettant sur la table le traité de libre échange avec la Colombie, auquel il reste très attaché, malgré l’opposition des démocrates, qui réclament plus de garanties pour les syndicalistes colombiens. Plus généralement, Barack Obama souhaite l’adoption au plus vite d’un plan de relance pour les classes moyennes.
La fermeture de Guantanamo : C’était une promesse de campagne et cela reste une priorité. La fermeture du centre de détention serait l’un des signes les plus emblématiques d’une rupture avec l’administration Bush. Mais cette fermeture se heurte à une série d’obstacles juridiques. Si le nouveau président peut en décider par un simple décret présidentiel, la question du sort qui sera réservé aux 250 personnes encore détenues à Guantanamo – dont 23 seulement ont été inculpées - reste entière : seront-elles jugées dans les tribunaux ordinaires, par des tribunaux militaires, renvoyées dans leur pays d’origine ou bien remises en liberté ? L’équipe de transition n’a fourni aucune indication sur les pistes envisagées, se contentant de confirmer que la fermeture de Guantanamo était « à l’étude ».
Cellules souches, forages pétroliers : Barack Obama fait savoir qu’il pourrait abroger certains décrets présidentiels signés par son prédécesseur. C’est une pratique assez habituelle lors des alternances aux Etats-Unis. Sont notamment dans le collimateur l’encadrement très strict de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires ou encore l’autorisation des forages pétroliers dans un secteur particulièrement fragile de l’Utah, dans le sud-ouest du pays.