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Entretien / Yémen

Ali Abdallah Saleh : «Nous allons créer un centre régional pour lutter contre la piraterie»

Article publié le 26/11/2008 Dernière mise à jour le 27/11/2008 à 06:54 TU

Au moins quatre journalistes, dont un Espagnol, un Britannique et deux Somaliens, ont été enlevés en Somalie : ils ont été kidnappés par une milice locale à Bosasso, la capitale du Puntland, cette base arrière de la plupart des pirates qui écument les eaux du golfe d'Aden, au large du Yémen. Alors, comment le Yémen peut-il combattre la piraterie maritime ? C'est ce que le président yéménite Ali Abdallah Saleh a expliqué lors d'un entretien exlusif avec notre correspondant à Sanaa, François-Xavier Trégan.  

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh.(Photo : AFP)

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh.
(Photo : AFP)

RFIMonsieur le Président, la piraterie maritime dans le golfe d'Aden occupe le devant de la scène, comment le Yémen peut-il combattre ce phénomène ?

Président Ali Abdallah Saleh Le Yémen fait partie de la communauté internationale, et la piraterie maritime ne concerne pas seulement le Yémen et sa région, mais aussi la communauté internationale. Nous avons demandé aux Etats-Unis et à l’Europe d’intervenir immédiatement pour rétablir les institutions étatiques en Somalie. Or, l’absence de l’Etat en Somalie a donné naissance à tous ces problèmes de piraterie dans l’océan Indien, le golfe d’Aden et la mer Rouge. Nous demandons à la communauté internationale, aux Nations unies, de constituer une force internationale pour lutter contre la piraterie maritime dans cette région. La France et les Etats-Unis sont présent dans cette région et ont une responsabilité qu’ils doivent assumer pour mettre fin à ce phénomène.

RFI : Un centre régional de lutte anti-piraterie pourrait d'ailleurs être créé à Sanaa ?

Ali Abdallah Saleh : C’est vrai, nous allons créer à Sanaa un centre régional pour lutter contre la piraterie au large de la Somalie.

RFI : Salim Hamdan, prisonnier de Guantanamo, pourrait terminer sa peine au Yémen. Qu'attendez-vous de la nouvelle administration américaine concernant la question des prisonniers yéménites de la prison américaine ?

Ali Abdallah Saleh : Nous avons entendu la même chose que vous. Nous allons l’accueillir, le rééduquer pour qu’il devienne un bon citoyen, c'est-à-dire laisser de côté l’extrémisme, l’intolérance et le terrorisme. Quant à la libération des prisonniers yéménites de Guantanamo, nous sommes en contact permanent avec les autorités américaines, et nous espérons aussi avec la nouvelle administration, pour qu’elles les libèrent et les rendent, avec leur dossier judicaire, aux autorités yéménites. Dans le cas où ils ont des peines à purger, ils les purgeront au Yémen.

RFILe Président Obama pourra-t-il apporter plus de sécurité dans la région ?

Ali Abdallah Saleh : Nous espérons cela bien sûr, que la nouvelle administration américaine aura une nouvelle politique dans la région et dans le monde. Mais je crois que les républicains et les démocrates sont d’accord sur la politique étrangère.

RFIPlusieurs attentats terroristes ont frappé le Yémen ces derniers mois. Quelle est aujourd'hui la situation sécuritaire ?

Ali Abdallah Saleh : Le gouvernement a pris des mesures pour traquer les éléments terroristes. Il a arrêté un nombre important d’entre eux. Certains sont morts, d’autres sont en prison. Et nous recherchons d’autres cellules terroristes appartenant à al-Qaïda pour les déférer devant la justice.

RFIDe nouvelles cellules terroristes seraient implantées au Yémen, en provenance d'autres pays de la région. Le renseignement yéménite confirme-t-il ces informations ?

Ali Abdallah Saleh : Les services de renseignement ont ces informations et ils prennent toutes les précautions pour empêcher ces implantations et des actions terroristes.

RFI : Les élections locales ont été reportées, les partis d'opposition menacent de boycotter les élections législatives. Le gouvernement est-il engagé dans un bras de fer avec l'opposition ?

Ali Abdallah Saleh : Les élections législatives auront lieu à la date prévue. Nous espérons que l’opposition y participera. Le gouvernement n’a pris aucune mesure dure à l’égard de l’opposition. Il ne fait qu’assumer sa responsabilité pour garantir la sécurité nationale.

RFI : Quelle est la situation à Saada, après le cessez-le-feu conclu entre les rebelles houthistes et les autorités, quelle est la situtation dans le sud du pays, traversé par de fortes contestations ?

Ali Abdallah Saleh : Effectivement il y a eu la guerre à Saada contre les Houthistes pendant des mois. J’ai pris la décision d’arrêter cette guerre contre une bande de rebelles. La guerre est terminée. Nous sommes en train de reconstruire la province et nous ferons en sorte que la paix perdure, nous espérons cela. Quant aux problèmes dans les provinces du sud, ils sont dus aux mêmes groupes qui ont provoqué la guerre de 1994. Ils s’étaient endormis, maintenant ils se réveillent et ils ont les mêmes revendications. Ces groupes ne représentent qu’une minuscule partie de la population et ils ne nous inquiètent pas. Car le peuple yéménite a réalisé et défend l’unification du Yémen, reconnue et soutenue par la communauté internationale et les pays voisins. Il ne faut pas s’alarmer de l’unité du Yémen, il ne faut pas avoir peur de ces groupes qui ont provoqué la guerre de 1994.

RFILe Président Sarkozy pourrait prochainement effectuer un voyage officiel au Yémen, qu’attendez-vous de la relation avec la France ?

Ali Abdallah Saleh : Nos relations avec la France sont très bonnes. Nous avons aussi de bonnes relations avec le président Sarkozy qui va venir au premier trimestre 2009. Il viendra au Yémen pour inaugurer le terminal gazier dont nous sommes partenaires avec la compagnie Total. Nous espérons, si Dieu le souhaite, que cette visite soit un succès et nous souhaitons que la France joue un rôle au cours de sa présidence de l’Union européenne pour l’augmentation de l’aide au développement du Yémen.

Entretien réalisé par François-Xavier Trégan de RFI