Article publié le 27/11/2008 Dernière mise à jour le 27/11/2008 à 12:09 TU
Le président russe Dmitri Medvedev (à gauche) et son homologue vénézuélien Hugo Chavez au Miraflores Palace de Caracas, le 26 novembre 2008.
(Photo : Reuters)
Avec notre correspondante à Caracas, Angèle Savino
Dmitri Medvedev a été invité à deux cérémonies à son arrivée à Caracas : le maire sortant lui a d'abord remis les clés de la ville, avant qu'Hugo Chavez le décore de l'ordre du libérateur Simon Bolivar.
Le président vénézuélien a d'ailleurs tenu à rendre hommage à ce qu'il appelle la renaissance de la grande patrie russe. « Après avoir souffert des agressions impérialistes et fascistes, puis de la chute de l'Union soviétique, et ensuite du cri de victoire hégémonique de l'empire nord-américain, la Russie est de nouveau sur pied pour jouer le rôle qui lui incombe, afin de lutter contre la prétention hégémonique d'un policier propriétaire du monde ».
Chavez veut contrer le dollar
Les deux présidents ont signé sept accords, dont deux sont d'importance. La Russie aidera le Venezuela à développer l'énergie nucléaire, et en échange, elle certifiera un des blocs pétroliers de l'immense réserve du bassin de l'Orénoque. Hugo Chavez compte utiliser ses réserves internationales de près de 40 milliards de dollars pour créer un fonds d'investissement commun avec la Russie et se protéger ainsi des effets de la crise financière.
« Nous avons parlé d'utiliser le rouble et le bolivar comme monnaie d'échange, pour commencer à nous libérer de la dictature du dollar ! » Dmitri Medvedev et Hugo Chavez n'ont pas évoqué d'accord militaire supplémentaire, le Venezuela ayant déjà acheté pour 4 milliards de dollars d'armes à la Russie. Au sujet des entraînements communs dans les Caraïbes, tout deux ont précisé qu'ils ne visaient pas un troisième Etat, sous-entendu, les Etats-Unis.
Manoeuvres russes dans les Caraïbes |
Les équipages du croiseur à propulsion nucléaire Pierre le Grand, du destroyer anti-sous-marins Amiral Tchabanenko, et de deux autres navires de guerre, étaient à pied d'oeuvre, mercredi, dans les eaux vénézuéliennes pour accueillir leur président qu'ils n'auront devancé que de quelques heures. Dmitri Medvedev est arrivé à point nommé pour donner le coup d'envoi des manoeuvres navales conjointes qui vont, pour la première fois depuis la crise des missiles de 1962 - qui faillit plonger le monde dans la catastrophe nucléaire - permettre à des navires russes de croiser dans la mer des Caraïbes. Le scénario apparaît comme une réplique de Moscou aux plans américains en Europe orientale. Le Pentagone installe un bouclier antimissiles en Pologne et en République tchèque ? Il considère avec faveur l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'Otan ? Et bien Moscou vient à son tour montrer ses muscles dans l'arrière-cour de Washington. Chavez nie toute provocation Hugo Chavez, pour sa part, joue les Candide. Il nie toute provocation visant Washington, toute référence à la Guerre froide, ne parlant que d'échanges avec la puissance devenue son principal fournisseur en matériel militaire. Mais il a aussi convoqué à Caracas, mercredi, en guise de comité régional de bienvenue pour son hôte russe, un sommet de l'Alba (Alternative bolivarienne pour l'Amérique), la coalition anti-Washington que forment, avec le Venezuela, la Bolivie d'Evo Morales, le Nicaragua de Daniel Ortega, l'Equateur de Rafael Correa et bien sûr Cuba. |