par Anne Toulouse
Article publié le 30/11/2008 Dernière mise à jour le 01/12/2008 à 14:26 TU
Nous allons donc faire ensemble ce qui reste du chemin de la transition, une période qui dure de dix à onze semaines, selon la date à laquelle tombe le fameux premier mardi après le premier lundi de novembre, jour de l’élection.
Elle se termine le 20 janvier à midi, lorsque le nouveau président prête serment.
Avant cela, on peut lui donner par courtoisie le titre de « president elect », président élu, mais cela ne veut pas dire grand-chose sur le plan pratique. La loi prévoit simplement que le vainqueur de l’élection reçoit une subvention pour louer des locaux et assurer le fonctionnement de l’équipe qui prépare son arrivée au pouvoir. Cette équipe a accès aux documents confidentiels de l’exécutif.
Le futur président profite, en effet, de cette parenthèse pour préparer son accession au pouvoir, en nommant une équipe qui ne se limite pas au simple cabinet ministériel. Il y a une sorte de double cercle du pouvoir, avec les conseillers du président et les dirigeants des différentes entités que l’on appelle les agences gouvernementales. Les Etats-Unis pratiquent le « spoil system », « le système des dépouilles », ce qui veut dire qu’à l’arrivée de chaque nouveau président plusieurs milliers de postes changent de titulaires.
Il y a aussi pendant cette période des étapes formelles prévues par la Constitution : par exemple, Barack Obama n’est pas encore officiellement élu, puisque cette prérogative revient au Collège électoral. Il se réunit le premier lundi après le deuxième mercredi de décembre qui, cette année, tombe le 15 (ne parlez jamais du processus électoral américain sans avoir un calendrier a portée de main !). Le vote des grands électeurs sera transmis sous pli fermé au Congrès. Les votes seront comptés au cours d’une session conjointe des deux Chambres, le 6 janvier.
Pendant tout ce temps, le pouvoir reste entre les mains du président sortant, qui signe les lois et demeure le commandant en chef des forces armées. Ceci étant, plus la fin est proche, plus le président en titre entre dans le statut que l’on appelle « lame duck », le « canard boiteux », qui a du mal à suivre le mouvement. Cette coexistence entre un président affaibli et un président virtuel peut créer une situation dommageable pour le pays, comme cela a été le cas en 1932-1933 lorsque l’incapacité de Herbert Hoover et Franklin Roosevelt à s’entendre a plongé les Etats-Unis dans la pire période de la Grande Dépression.
Cette année, George Bush et Barack Obama semblent avoir cet exemple en mémoire, puisque le premier mois de la transition 2008 a été un modèle de courtoisie et de collaboration.