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01/12/2008

J-49 : Hillary et les frustrations du département d'Etat

par Anne Toulouse

Article publié le 01/12/2008 Dernière mise à jour le 03/12/2008 à 08:58 TU

Bloc-notes J-49

Hillary Clinton(Photo: Reuters)

Hillary Clinton
(Photo: Reuters)

En entendant les nouveaux membres de l’équipe de sécurité du futur président s’autocongratuler sans modération, les observateurs de peu de foi se sont demandé pour combien de temps ils seraient, ainsi, enchantés les uns des autres.

La présence d’Hillary Clinton est l’élément qui alimente en priorité ce scepticisme. Dans le fonctionnement complexe des relations des Etats-Unis avec le reste du monde, le, ou plutôt la secrétaire d’Etat, occupe une fonction prestigieuse vue de l’extérieur, mais frustrante vue de l’intérieur. Jusqu'à présent, le seuil de frustration d’Hillary Clinton s’est avéré très bas. Saura-t-elle, comme Colin Powell, s’incliner lorsqu’elle aura à endosser des décisions qu’elle n’approuve pas ? 

Le chef de la diplomatie américaine voyage à travers le monde dans un appareil quasi présidentiel, reçoit dans des salons d’un luxe que ne laisse pas soupçonner l’apparence austère du département d’Etat et occupe le quatrième rang de succession, en cas de vacance du pouvoir exécutif. Mais il, ou elle, est éloigné du président et en rivalité constante avec le conseiller pour les affaires internationales et le vice-président. Ce dernier n’a pas de fonction officielle et sert, comme on dit, au bon plaisir du président. L’usage récent a orienté son rôle vers la politique internationale. C’est d’ailleurs ce critère qui a été mis en avant pour le choix de Joe Biden : si l’on considère le temps de service d’un sénateur comme une référence, il a siégé pendant 36 ans, soit près de 5 fois plus longtemps qu’Hillary Clinton.

La vraie concurrence se situe néanmoins du côté du général Jones, ancien commandant des forces de l’OTAN, qui a expérimenté en direct les crises internationales. L’ex-première dame ne les a vécues que par procuration, comme Barack Obama n’a pas manqué, lui-même, de le souligner, lorsqu’ils s’affrontaient pendant les primaires.

Après tout, les femmes de chirurgiens n’opèrent pas les malades de leurs maris !

Parlant de conjoint, voici que Bill se profile dans les couloirs du département d’Etat, précédé par le célèbre slogan que les Clinton avaient imprudemment lancé pendant leur première campagne présidentielle : « Vous en aurez deux pour le prix d’un ! ». L’Histoire récente a montré que cela faisait parfois beaucoup. L’expérience émanant visiblement de lui, pourra-t-il se garder d’en faire usage ? D’autant qu’il s’est engagé à restreindre des activités dont les ramifications à travers le monde vont être exposées au grand jour, lors de la confirmation d’Hillary par le Sénat.

La décision de Barack Obama a sans doute été guidée par la notoriété des Clinton sur la scène internationale et par le désir de ne pas voir Hillary s’installer en statue du commandeur au Sénat ; mais certains se demandent s’il n’a pas négligé l’un des adages clé des principes de gestion américains : « Never hire somebody you can’t fire ! », « N’engagez jamais quelqu’un dont vous ne pourrez pas vous débarrasser ! ».