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02/12/2008

J-48 : Le bras armé des démocrates… un républicain

par Anne Toulouse

Article publié le 03/12/2008 Dernière mise à jour le 03/12/2008 à 08:59 TU

Bloc-notes J-48

Robert Gates.( Photo : Ints Kalnins / Reuters )

Robert Gates.
( Photo : Ints Kalnins / Reuters )

Un sondage publié mardi montre que 80% des personnes interrogées sont satisfaites du maintien de Robert Gates comme ministre de la Défense. Cela tient sans doute au talent et à la personnalité de cet homme qui, en deux ans, a changé la face de la guerre en Irak, en pacifiant, dans la foulée, le Pentagone.

Mais la décision de Barack Obama s’inscrit également dans une ligne historique. Depuis 1940, tous les présidents démocrates, à l’exception de Jimmy Carter, ont eu un ministre de la Défense républicain. Lorsqu’il lui est apparu évident que les Etats-Unis seraient entraînés dans la guerre, Franklin Roosevelt a fait venir dans son gouvernement deux républicains, Frank Knox au ministère de la Marine, un poste qu’il avait lui-même occupé, et Henry Stimson au ministère de la Guerre. Ce dernier a continué à servir sous le début de la présidence d’Harry Truman. Le plus célèbre ministre de la Défense américain, Robert McNamara, est également un républicain, appelé par John Kennedy et conservé par Lyndon Johnson jusqu’en 1968. Deux ans après son accession a la présidence, Bill Clinton a choisi le républicain William Cohen, qui l’a accompagné jusqu'à la fin de son deuxième mandat.

Ces nominations ne relèvent pas d’un grand élan d’œcuménisme politique et elles ne sont pas des cadeaux ! Henry Stimson a assumé toute la période de la Seconde Guerre mondiale de Pearl Harbor à Hiroshima ; le nom de Robert McNamara est associé de façon indélébile à la guerre du Vietnam ; Robert Gates devra superviser la sortie des forces américaines d’Irak et leur transfert vers l’Afghanistan. Le fardeau de William Cohen a été d’une autre nature : il a dû arrondir les angles entre Bill Clinton et l’armée, qui ne pardonnait pas au président de s’être arrangé pour échapper au service militaire pendant la guerre du Vietnam.

Le rôle de ministre de la Défense comporte par nature des tâches impopulaires et il peut apparaître de bonne guerre, si l’on peut dire, d’en charger le parti adverse… A ceci près que l’opération ne se fait jamais en sens inverse : il n’est jamais venu a l’esprit d’un président républicain de confier le Pentagone à un démocrate. Cela tient à un partage de l’image de marque des partis : les pacifistes se reconnaissent davantage dans les démocrates et ceux qui font de la sécurité une priorité, dans les républicains. Les électeurs n’apprécient pas toujours ce virage politique qui consiste à confier la sécurité du pays au parti dont le candidat a combattu les choix, mais c’est la forme la plus achevée du pragmatisme.