par Anne Toulouse
Article publié le 05/12/2008 Dernière mise à jour le 05/12/2008 à 01:11 TU
Cette semaine, Bill Richardson a enfin vu le bout du chemin. Il a été nommé ministre du commerce, ce qui a le double avantage de lui donner un poste et de donner un hispanique à une équipe qui en manquait jusqu’alors cruellement.
En confirmant sa nomination à la presse, Barack Obama été obligé de préciser deux choses : non, il ne l’a pas choisi à cause de son ethnicité, et non, ce n’est pas un lot de consolation…
Voyons d’abord la première assertion. Les hispaniques sont l’une des quatre classifications du communautarisme américain. Elle regroupe ceux qui sont originaires de l’Amérique latine, qu’ils soient arrivés hier, ou que leurs ancêtres aient occupé le pays il a quatre siècle. Ils constituent la minorité la plus importante, 15% de la population, soit 2,2% de plus que les noirs. Bill Richardson est le gouverneur du Nouveau Mexique, un Etat dont le nom seul proclame les liens avec le voisin du sud. Sa mère est issue d’une grande famille mexicaine et son père était un banquier d’origine guatémaltèque. S’il ne représente pas vraiment l’immigrant classique, il a néanmoins incarné l’espoir de devenir le premier président hispanique, puis le premier vice-président hispanique, puis le premier ministre des Affaires étrangères hispanique… Il ne sera même pas le premier ministre du Commerce hispanique, puisque ce poste est actuellement occupé par Carlos Guttierez, un immigrant d’origine cubaine.
Cela nous amène à la deuxième partie de la question : s'agit-il d'un lot de consolation ? L’affaire est encore plus compliquée et prend presque des allures de fable. La carrière de Bill Richardson a été lancée par le président Clinton, qui l’a nommé d’abord ambassadeur aux Nations-Unies, puis ministre de l’Energie. Lorsqu’il est apparu qu’il n’irait pas très loin dans les primaires de 2008, le sentiment général, surtout dans l’équipe Clinton, était qu’il allait se rallier à Hillary, sans doute en échange de la promesse du poste de secrétaire d’Etat. Nous savons comment les choses ont tourné, Bill Richardson a fait allégeance à Barack Obama, et c’est Hillary qui a ce qu’il convoitait.
On imagine un face à face un peu tendu, lorsque la ministre des Affaires étrangères et le ministre du Commerce s’assiéront à la même table. Le surnom de « Judas », que l’un des proches des Clinton avait donné au gouverneur du Nouveau Mexique, est encore frais dans les mémoires…
Mais à propos de mémoires, Barack Obama a dit récemment qu’il lisait ceux du président Lincoln, qui avait calmé tous ses anciens rivaux en les faisant entrer dans son gouvernement. En comptant Joe Biden, il en a déjà casé trois !