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Déclaration universelle des droits de l'homme

À l'épreuve de la lutte contre le terrorisme

par Véronique Gaymard

Article publié le 09/12/2008 Dernière mise à jour le 12/12/2008 à 09:17 TU

Le 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme est l’occasion de réaffirmer l’indivisibilité des droits de l’homme bien que ces droits aient été séparés dans deux pactes, l’un sur les droits civils et politiques, l’autre sur les droits économiques, sociaux et culturels. Parmi les préoccupations les plus fortes en ce début de XXIe siècle figurent les dérives de la lutte antiterroriste qui mettent en péril les avancées en matière de droits de l’homme

Les attentats du 11 septembre 2001 ont révélé la menace étendue du terrorisme international sur la paix et la sécurité mondiale. Mais au nom de cette lutte contre le terrorisme, certains droits fondamentaux sont mis en péril et bafoués par des États qui se targuent d’être de grandes démocraties.

Le centre de détention de Guantanamo où ont été envoyées des centaines de personnes, torturées et maintenues sans jugement, la prison d’Abou Ghraib en Irak ou celle de Bagram en Afghanistan ou encore les vols secrets de la CIA sont des exemples flagrants de violations des droits de l'homme, exercées par les États-Unis.

Camp X Ray, à Guantanamo, Cuba. Ce camp a accueilli les premiers prisonniers des Américains de janvier à avril 2002. Jusqu'à 300 personnes ont été enfermées ici avant la construction des autres infrastructures.© Donaig Ledu/RFI

Camp X Ray, à Guantanamo, Cuba. Ce camp a accueilli les premiers prisonniers des Américains de janvier à avril 2002. Jusqu'à 300 personnes ont été enfermées ici avant la construction des autres infrastructures.
© Donaig Ledu/RFI

 

Le récit d'un ancien détenu de Guantanamo

A Guantanamo, Abu Mohammed se retrouve en cellule isolée comme tous les autres prisonniers : il y a un trou qui envoie de l’air froid, la cellule est métallique, le matelas est très fin, les soldats font du bruit pour t’empêcher de dormir (...) au bout d’un mois, tu deviens fou !

13/01/2008 par Véronique Gaymard

D’autres pays ont tendance à criminaliser des mouvements sociaux et à mettre au ban de la société tout opposant, toute contestation, sous prétexte de lutte contre le terrorisme. C’est le cas dans de nombreux pays du Maghreb et du Machrek ainsi que du Moyen-Orient, mais aussi en Amérique latine, en Europe et des autres continents.

Juste après les attentats du 11 septembre, les Nations unies ont adopté une résolution qui vise à combattre le terrorisme. Mais chaque État a pu définir ce qu’il entendait par terrorisme ou activité terroriste, et sur tous les continents, les mesures et les législations qui ont été adoptées peuvent restreindre et menacer les droits de l’Homme; les réfugiés et les demandeurs d’asile se retrouvent en première ligne, et dans certains cas la torture est légitimée, alors que le droit international reconnaît, même dans des circonstances exceptionnelles, l’intangibilité et la garantie des droits fondamentaux.

Pourtant, tous les États ont l’obligation de protéger leurs populations. Les actes terroristes comme les attaques contre les populations civiles sont des crimes au regard des lois nationales, et des crimes de guerre lorsqu’ils sont commis dans les conflits armés. Mais les durcissements exagérés des législations nationales apparaissent comme une contradiction.

Un soldat américain montre comment les prisonniers du camp X Ray devaient présenter leurs mains pour être menottées avant que les gardiens n'ouvrent les portes. © Donaig Le Du/RFI

Un soldat américain montre comment les prisonniers du camp X Ray devaient présenter leurs mains pour être menottées avant que les gardiens n'ouvrent les portes.
© Donaig Le Du/RFI

Depuis 2005, le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies a établi une procédure spéciale, en nommant un rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, actuellement occupé par le Finlandais Martin Scheinin. Il existe également un comité contre le terrorisme au Conseil de sécurité de l’Onu, censé assurer la conformité des mesures antiterroristes prises par les États avec leurs obligations en matière de droits de l’homme.

Les messages de ce «comité» ne seraient pas relayés de façon assez persuasive auprès de États qui continuent à durcir leurs législations et à mettre en péril les Pactes sur les droits civils et politiques de 1966 sur la liberté d’expression, de circulation et d’opinion dans de nombreux pays dans le monde.