par Marion Urban
Article publié le 09/12/2008 Dernière mise à jour le 12/12/2008 à 09:16 TU
«Nous sommes un État souverain (...) Nous faisons ce que nous voulons de nos socialistes, de nos pacifistes et de nos juifs et nous n'avons à subir de contrôle ni de l'humanité, ni de la Société des Nations». Joseph Goebbels, ministre du Reich allemand, à Genève en 1933.
La Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 est initialement motivée par les horreurs commises durant la Deuxième Guerre mondiale et par la montée de nouvelles tensions mondiales. La veille de son adoption, dans la même urgence, les États ont adopté une Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. C'est le juriste et diplomate français, René Cassin qui rédigera la majorité du texte. Le comité qui travaillera pendant deux ans à ce texte est présidé par Anna Eleanor Roosevelt, la femme du président américain, militante des droits sociaux.
Avec les deux Pactes généraux* sur les droits civils et politiques et les droits économiques, sociaux et culturels qui ne seront adoptés que 14 ans plus tard (16 décembre 1966) et le Protocole facultatif qui concerne les plaintes émanant de personnes, les États membres de l'Organisation des Nations unies se dotent d'une feuille de route vers un idéal de liberté, d'égalité et de sécurité.
Aucun État ne peut se targuer aujourd'hui de respecter les exigences de ces textes. Mais ils correspondent à une aspiration profonde des peuples et des individus et sont compréhensibles par tous.
Une idée ancienne
L'établissement des principes fondamentaux des droits de l'homme comme garantie de la paix, de la démocratie et de la sécurité est une idée qui remonte bien avant la Déclaration des droits (Bill of Rights) de la Constitution américaine (votée le 26 septembre 1789 et mis en application le 15 décembre 1791) et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen française de 1793.La Grande Charte des Libertés (Magna Carta) en 1215 en Angleterre est le premier texte sur les libertés individuelles. Bien imparfait cependant car il lui faudra deux autres textes (Pétition et Habeas Corpus) avant d'établir sa Bill of Rights, en 1689.
Les Philosophes du Siècle des Lumières prépareront le terrain aux textes des nouveaux citoyens des Révolutions américaine et française.
Une influence incontestée
Depuis 60 ans, la Déclaration universelle des droits de l'homme a inspiré et influencé de nombreux textes locaux, nationaux, régionaux et internationaux. Des constitutions comme celles du Costa Rica, du Salvador, d'Haïti, d'Indonésie et de Syrie ont adopté son language et ses principes. Opinions, décisions de justice ou de cour se réfèrent au texte de 1948. Le Traité de Paix avec le Japon en 1951 proclame que le Japon devra «s'efforcer de réaliser les objectifs de la Déclaration universelle des droits de l'homme».De 1959 à 2007, les Nations unies adopteront pas moins de huit nouvelles déclarations de droits (enfants, indépendance des peuples colonisés, l'élimination de la discrimination contre les femmes, tortures..) qui reprennent les principes de celle de 1948. Ces textes inspireront de nouveaux traités internationaux qui créeront la colonne vertébrale d'une Justice internationale en matière de droits de l'homme.
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* La Déclaration n'est pas signée mais les Pactes ont bel et bien été signés. Plus exactement: ratifiés par chaque pays.