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09/12/2008

J-41 : Lincoln a fait un tour de plus dans sa tombe!

par Anne Toulouse

Article publié le 10/12/2008 Dernière mise à jour le 10/12/2008 à 08:52 TU

Lorsque Barack Obama a abandonné son siège de sénateur, il y a un mois, il ne pensait pas que celui-ci allait être l’objet d’une grande première dans l’histoire politique américaine : la mise aux enchères de son remplacement par le gouverneur.

Selon la règle, lorsqu’un siège de sénateur devient vacant, c’est le gouverneur de l’Etat dont il est issu qui désigne son remplaçant. En l’occurrence il n’y avait pas a priori de problème politique, puisque le gouverneur Rod Blagojevich est démocrate. Il devait donc, normalement, se conformer au souhait du président élu, qui était, semble-t-il, de se voir remplacer par l’une de ses proches Valerie Jarrett. Le gouverneur était d’accord, à condition d’y trouver son compte, il voulait en échange être ministre de la Santé. A défaut, il aurait accepté un poste lucratif, pour lui ou pour sa femme.

Lorsqu’il comprend que l’affaire ne se fera pas, le gouverneur lance à l’adresse de Barack Obama une série d’épithètes que les journaux ont été obligés de reproduire par des points de suspension. Il annonce alors, avec les mêmes écarts de langage, que le poste ira au plus offrant, sinon, il se désignera lui-même.

Nous avons le compte rendu précis de cet épisode car, à ce moment-là, le gouverneur est sur écoute téléphonique, à cause de plusieurs autre affaires : il a suspendu la subvention de l’Etat à un hôpital pour enfants dont le directeur avait refusé une contribution à sa campagne électorale, essayé de faire licencier plusieurs éditorialistes du journal local et vendu la signature d’une loi. En fait, la justice l’a à l’œil, pratiquement depuis le moment où il a été élu sur un programme de lutte contre la corruption !

Il est vrai que son prédécesseur le républicain George Ryan est incarcéré pour une affaire de pots-de-vin. Il n’est pas le premier : le même motif a envoyé en prison deux autres gouverneurs, démocrates cette fois-ci, en 1961 et en 1973. Une partie de la classe politique de Chicago est actuellement sous le coup d’une vaste enquête pour corruption, le plus proche collaborateur du maire a déjà été arrêté.

Si Barack Obama n’est pas mis en cause dans l’étrange trafic autour de son siège, cette malheureuse affaire rappelle néanmoins tout ce qui a été dit – et démenti – pendant la campagne présidentielle, sur la culture de corruption de Chicago. En évoquant le plus célèbre politicien de l’Illinois, le procureur a déclaré : « Lincoln doit se retourner dans sa tombe ». Le président défunt n’en est certainement pas à sa première rotation !