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Sidérurgie

ArcelorMittal réduit ses effectifs, les syndicats protestent

Article publié le 10/12/2008 Dernière mise à jour le 10/12/2008 à 17:09 TU

Une réunion du comité d’entreprise européen d’ArcelorMittal s’est tenue, mercredi 10 décembre 2008, au Luxembourg pour discuter du plan de 9 000 suppressions d’emplois annoncé fin novembre. Cette question était également au menu des discussions en France, au siège social de Saint-Denis (région parisienne), où a eu lieu une rencontre entre la direction et les syndicats. Le numéro un mondial de la sidérurgie vise quelque 1 400 départs volontaires en 2009 au sein de son personnel administratif dans l’Hexagone. Les syndicats français accusent ArcelorMittal de « se servir de la crise » pour réduire ses effectifs.

Alors que la tension est grandissante, ArcelorMittal a annoncé la fermeture pendant 15 jours de son siège mondial  situé au Luxembourg, pour faire face à la crise. Le groupe met ainsi 1500 employés administratifs au chômage technique entre le 20 décembre et le 5 janvier. Une fermeture annuelle qui sort de l’ordinaire même si la direction assure qu’« il s’agit d’une mesure de solidarité avec les autres unités et une conséquence de la crise ». Les sept sites de production – dont quatre grandes usines d’ArcelorMittal au Luxembourg – seront, en effet, également à l’arrêt pendant cette même période.

La facture sociale est très lourde chez ArcelorMittal. Le numéro un mondial de l’acier a annoncé fin novembre vouloir supprimer jusqu’à 3% de son personnel dans le monde, soit 9 000 salariés, dont 3000 aux Etats-Unis et 6 000 en Europe. Le groupe vise notamment 1 400 « départs volontaires » sur 28 000 salariés en France au début 2009. Ces licenciements devraient concerner en priorité les employés des secteurs non productifs, autrement dit le personnel administratif, commercial, chargé des achats et de la gestion.

« Des mesurettes d’accompagnement »

Usine du groupe Arcelor à Hayange (France).(Photo: AFP)

Usine du groupe Arcelor à Hayange (France).
(Photo: AFP)

Mercredi, la rencontre entre la direction d’ArcelorMittal France et les représentants du personnel s’est tenue dans une ambiance plutôt tendue à Saint-Denis, en banlieue parisienne. Les modalités du projet de plan de départs ont été vivement critiquées par les syndicats. Pour Philippe Verbek de la CGT, ces mesures d’accompagnement sont des « mesurettes comme des primes de départ de deux mois de salaire brut, en plus des indemnités légales ou des rachats de trimestres de cotisations retraite ». Même constat pour Marie-Gilberte Canivez-Hogard de la CFTC, pour qui les mesures envisagées sont « homéopathiques ».

Les organisations syndicales ont également déploré n’avoir aucune précision sur les sites et les personnels concernés par le plan de départ volontaires. Direction et syndicats se rencontreront à nouveau les 15 et 19 décembre à Saint-Denis. Un dossier que suivra très attentivement le gouvernement français. Le secrétaire d'Etat à l'Industrie Luc Chatel a annoncé qu'il rencontrerait lundi prochain les dirigeants français du sidérurgiste ArcelorMittal à Bercy pour s'assurer que le groupe tiendrait bien « ses engagements » vis-à-vis du gouvernement en matière d'emploi notamment. En 2006, le puissant PDG d’Arcelor, lors de la fusion du groupe européen Arcelor avec son groupe Mittal Steel, s’était en effet engagé à créer près de 2000 emplois en France à l’horizon 2009.

Un tassement de la demande mondiale d'acier

Et pourtant, les salariés des sites de Saint-Denis et de Florange, en Moselle (est de la France), sont particulièrement menacés. Les 5 000 salariés mosellans d’ArcelorMittal sont inquiets. D’autant qu’ils ont déjà fait les frais des suppressions de postes, car ce plan s’ajoute aux suppressions d’emploi déjà décidées dans plusieurs usines, comme à Gandrange, où 595 des 1100 emplois ont été supprimés. Pour justifier cette décision, la direction du groupe invoque l’effondrement des commandes d’acier dans le monde, dans le sillage de la crise des secteurs de l’automobile et du bâtiment. Et le directeur général d’ArcelorMittal France, Daniel Soury-Lavergne d’argumenter : « du fait de la crise, nos actionnaires ont perdu de 70% à 80% de la valeur de leur investissement. Dans ces conditions, on ne peut pas envisager de les priver de dividendes ».

Le groupe se plaint également d’un tassement de la demande mondiale d'acier, portée pour l’heure par les besoins des trois grands pays émergents, la Chine, le Brésil et l’Inde. Et il annonce, en conséquence, une réduction d’un tiers de ses capacités dans le monde. Mais le message passe très mal, alors que le groupe a enregistré au troisième trimestre 2008 3,8 milliards de bénéfices nets, soit une hausse de 27 %. Les syndicats français accusent ArcelorMittal de « se servir de la crise » comme « alibi » pour « adapter ses effectifs ».