par Anne Toulouse
Article publié le 12/12/2008 Dernière mise à jour le 12/12/2008 à 02:10 TU
La chanson de Frank Sinatra Chicago, Chicago ♫ dit : « Bet your bottom dollar you’ll lose the blues in Chicago », « Vous pouvez parier votre dernier dollar que vous n’aurez plus le cafard à Chicago »…
Cela aurait pu être l’hymne d’une transition qui, jusqu'à présent, avançait sur un nuage. Un sondage montre que 73% des personnes interrogées en sont satisfaites. Il a été réalisé la veille du jour où gouverneur de l’Illinois s’est fait passer les menottes.
Le procureur Fitzgerald l’a répété à plusieurs reprises dans sa présentation de l'affaire, le président élu n’est en rien mêlé aux malversations de celui qui a mis son siège aux enchères. Il n’empêche que Barack Obama doit regretter chaque jour davantage que ce gouverneur ne soit pas, par exemple, celui… du Mississipi, ou de n’importe quel Etat situé aux antipodes de l’endroit où il a construit sa carrière politique.
La géographie, aussi bien que la chronologie, ont été cruelles. En s’y installant, l’équipe de transition a fait de Chicago une sorte de deuxième capitale des Etats-Unis, au moment où l’actualité vient rappeler que c’est aussi la capitale de tous les trafics. Certes, le gouverneur est installé à Springfield, la vraie capitale mal connue de l’Etat, mais il a fait ses classes à Chicago, comme le président élu. Est-ce-qu’ils se sont connus ? Bien sûr… Le futur chef de cabinet de Barack Obama, Rahm Emmanuel, a rappelé, il y a quelque temps, qu'ils avaient tous les deux servi de conseiller au gouverneur, pendant sa première campagne. Ils n’en ont pas dégagé des liens durables, car Barack Obama n’a pas soutenu Rod Blagojevich pendant sa dernière élection.
Le monde politique de Chicago est trop petit pour que tout le monde n’y rencontre pas tout le monde. Le président élu et le gouverneur ont eu comme contributeur de campagne l'homme d’affaires Tony Rezko, qui attend sa sentence à la suite de 16 chefs d’inculpation pour fraude et escroquerie. Davis Axelrod, le consultant politique qui est actuellement le bas droit de Barack Obama, a compté Rod Blagojevich parmi ses clients. Il s’en est d’ailleurs débarrassé, et a refusé d’organiser sa campagne de gouverneur. Une campagne qui a dû beaucoup à un énorme afflux d’argent !
Est-ce que l’équipe de transition et le gouverneur se sont parlé ? La réponse est dans le contenu de l’acte de d’accusation, lorsque le gouverneur explose en imprécations, après avoir appris que ses premières propositions avaient été rejetées. Par qui ? Comment ? Plus tôt on le saura, plus tôt la campagne Obama pourra éviter la situation fâcheuse de ce jeudi, lorsque la présentation du futur responsable de la politique de santé a été noyée par les questions sur « l’affaire ». En politique cela s’appelle une distraction…