par Anne Toulouse
Article publié le 17/12/2008 Dernière mise à jour le 17/12/2008 à 13:36 TU
Qu’y a-t-il chez les Américains, pour qu’ayant fait la révolution pour se débarrasser d’une dynastie, ils n’aient de cesse d’en recréer d’autres ? La manière dont Caroline Kennedy a jeté son dévolu sur le siège d’Hillary Clinton fait partie des très riches heures de cette transition : la place libérée par la femme de l’ex-président semble revenir de droit à la fille d’un ex-président. Si les républicains ont la tentation d’y trouver à redire, l’exemple de la famille Bush est là pour les réduire au silence, d’autant que le bruit court que Jeb, qui occupe la double posture de fils et de frère de président, aurait lui aussi des vues sur le Sénat. Il est vrai que, dans son cas, cela passerait par la formalité de se faire élire.
Le fait qu’un gouverneur ait la faculté de nommer un sénateur est déjà, en soi, une étrangeté de la politique américaine, même quand cette démarche ne tombe pas dans la farce qui est en train de se dérouler en Illinois, pour l’attribution d’un autre siège ! On imagine mal que le gouverneur Paterson refuse d’obtempérer aux aimables pressions du clan Kennedy. D’autant que lui-même n’a pas une stature politique très solide. Il a hérité de son poste, au mois de mars dernier, après que le gouverneur de l’Etat de New York, Eliot Spizer, ait dû démissionner pour avoir été mêlé à un réseau de prostitution de haut vol.
David Paterson devra, dans deux ans, se faire élire et, à ce moment là, le poids politique et financier de la famille Kennedy sera un sérieux appui. Caroline Kennedy hériterait ainsi du siège de son oncle, Robert, qui a été sénateur de l’Etat New york de 1965 jusqu'à sa mort, trois ans plus tard. Elle perpétuerait une loi non écrite qui veut que depuis 56 ans, un, voire deux Kennedy fassent partie du Sénat des Etats-Unis. John a été élu en 1952 sénateur du Massachusetts, siège repris en 1963 par Edwards, qui ne l’a plus quitté. Gravement malade, il pense ouvertement à sa succession.
La nomination de Caroline Kennedy, si elle se réalise, sera une pierre de plus dans le jardin d’Hillary Clinton. L’ex-first lady a très mal pris le soutien de la fille du défunt président à Barack Obama. La voir s’assoir dans son fauteuil et hériter du même coup de son statut de star de la vénérable assemblée n’est sans doute pas un événement qu’elle attend avec impatience. D’ailleurs, Hillary Clinton ne se séparera pas de son poste avant que sa nomination comme secrétaire d’État soit confirmée, par le Sénat précisément. On ne sait jamais !