Brésil

L’Amérique latine cherche davantage de cohésion

Article publié le 17/12/2008 Dernière mise à jour le 17/12/2008 à 12:13 TU

Le Brésil est transformé jusqu'à ce mercredi soir en capitale diplomatique de l'Amérique latine. Depuis lundi, Costa do Sauipe, une luxueuse station balnéaire du nord du Brésil, accueille 33 dirigeants de pays latino-américains qui ont ou vont participer à plusieurs réunions. Parmi elles, le 1er sommet Amérique latine-Caraïbes, qui a commencé hier mardi. Parmi les chefs d'Etat présents au bord de l'océan Atlantique, Raul Castro, le leader cubain, qui a reçu un soutien appuyé de ses homologues.

Une série de sommets réunit les dirigeants des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, dans la station balnéaire de Costa do Sauipe, près de Salvador de Bahia, le 16 décembre 2008.
( Photo : Reuters )

Avec notre correspondante à Rio de Janeiro, Annie Gasnier

Raul Castro était l'invité vedette pour sa première participation à un forum international. Le président cubain a brièvement parlé au cours de la réunion, diagnostiquant une crise financière d'un ordre économique injuste et égoïste. Mais surtout, il en a profité pour plaider pour la fin de l'embargo imposé par les Etats-Unis à son île depuis 1962. Les trente-trois pays sud-américains et caribéens ont émis une déclaration solidaire demandant la fin de l'isolement de Cuba. Raul Castro s'est déclaré prêt à aller en discuter avec Barack Obama si celui-ci était décidé à en débattre avec lui. En attendant, Cuba vient d'intégrer le Groupe de Rio.

Mardi, les pays latino-américains ont également décidé de créer un Conseil de défense sud-américain. Le Brésil travaillait depuis plusieurs mois à ce projet avec acharnement depuis la crise entre la Colombie, l'Equateur et le Venezuela lorsque des combattants de Farc avaient été poursuivis et tués par les Colombiens en sol équatorien.

Ce Conseil de défense sud-américain sera composé des douze ministres des pays de cette union des nations sud-américaines. Il n'aura pas de rôle guerrier, mais plutôt un rôle de coordination entre les forces armées de la région. Il sera également chargé d’assurer l'intégration entre les industries d'armement ; il aura donc aussi un rôle diplomatique.

Désir d'intégration régionale

Ce sommet extraordinaire Amérique latine-Caraïbes s'insère dans une série de quatre sommets qui se déroulent au Brésil. Ce qui pose le Brésil en leader régional. Le Brésil a osé organiser un sommet en réunissant trente-trois pays sud-américains et des Caraïbes, sans inviter les Etats-Unis, à un moment judicieux ; c'est la transition et on constate une certaine vacance du pouvoir à Washington. Cela montre bien, aussi, que l'influence des Etats-Unis n'est plus ce qu'elle était dans la région.

Du reste, George Bush ne s'est guère intéressé à l'Amérique latine durant ses huit ans de mandat, et ce grand sommet veut exprimer un désir d'intégration régionale indépendant et de développement en commun.

On en est encore aux belles paroles et pas encore véritablement aux faits concrets, mais c'est sans doute un début. Une démonstration en tout cas de maturité, assure le chef de la diplomatie brésilienne, à un moment où pratiquement tous les dirigeants de la région sont issus des rangs de la gauche.