par Anne Toulouse
Article publié le 18/12/2008 Dernière mise à jour le 18/12/2008 à 00:37 TU
Le grand quotidien national USA Today titrait mercredi sur les difficultés que Barack Obama allait avoir à satisfaire toutes les demandes qui affluent vers lui. Les syndicalistes, les pacifistes, les écologistes s’abattent sur lui en chœur, pour réclamer que les réformes qui leur sont chères soient exécutées en priorité.
Deux guerres et une grave crise économique ajoutent à ce sentiment d’urgence et tout le monde piaffe en attendant de voir ce qui va être accompli pendant les 100 premiers jours de la présidence. Cette échéance a été inventée par Franklin Roosevelt lorsqu’il est devenu président en 1933. À l’époque, les mandats commençaient au mois de mars. Du 6 mars au 16 juin, il a convoqué une session spéciale du Congrès, à majorité démocrate, et fait passer une avalanche de lois, qui ont bouleversé le paysage social américain. Elles sont connues sous le nom générique de New Deal.
Peut-on imaginer que Barack Obama prenne ainsi à bras le corps les problèmes du pays ? Certainement pas, car la situation n’est pas comparable. En 1933, le quart de la population active des Etats-Unis était au chômage et près de la moitié des 25 000 banques américaines avaient mis la clé sous la porte, sans que leurs clients puissent récupérer un sou. Le Congrès était tellement affolé par l’état du pays, qu’il a voté, sans discuter, toutes les mesures que le président lui envoyait. Une partie de cette législation, adoptée dans la précipitation, a été abrogée par la Cour suprême dans les années qui ont suivi. Même avec une majorité de 60 voix au Sénat, ce qu’il n’aura pas, Barack Obama n’aurait pas aujourd’hui un Congrès aussi docile, car le pays n’est pas accablé au point d’accepter des réformes radicales.
La partie du New Deal qui a frappé les esprits est le programme de construction d’infrastructures : 125 000 bâtiments publics, plus d’un million de kilomètres de routes et 75 000 ponts. Mais l’Amérique des années 1930 était sous-équipée et sa population comportait une forte proportion de paysans et d’ouvriers. Il était plus facile de les occuper à des travaux de terrassement que les employés licenciés par Lehmann Brothers.
D’ailleurs, même ces mesures radicales ne sont pas venues à bout du chômage, qui s’élevait encore à 17% lorsque la guerre mondiale a éclaté. Aussi triste que soit ce constat, c’est elle qui a ramené le plein emploi et la prospérité économique !
Ce que Barack Obama peut avoir en commun avec Franklin Delano Roosevelt est leur capacité de susciter l’enthousiasme. L’une des premières décisions de Franklin Roosevelt a été de faire voter un amendement abolissant la prohibition de l’alcool. Il a pris effet en décembre 1933, on voit sur des photos de l’époque les Américains trinquant joyeusement, devant des tonneaux de bière. Avec un grand sens des relations publiques la Maison Blanche a appelé cela les « Happy days », les jours heureux… Même quand ils ne le sont pas tellement, l’important est de donner l’impression qu’ils peuvent l’être !