par RFI
Article publié le 24/12/2008 Dernière mise à jour le 25/12/2008 à 12:20 TU
Le capitaine guinéen, Moussa Dadis Camara, leader des putschistes, dans les rues de Conakry, le 24 décembre 2008.
(Photo : AFP)
Le Premier ministre guinéen Ahmed Tidiane Souaré, à la tête d'un cortège de membres de son gouvernement, est arrivé ce jeudi au camp militaire Alpha Yaya Diallo de Conakry, où les militaires putschistes leur avaient intimé l'ordre de se rendre.
De leur côté, deux importantes coalitions de l'opposition au régime de Lansana Conté « prennent acte » du coup d'Etat militaire et demandent à la junte, dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara, d'organiser des « élections libres » d'ici un an, selon un communiqué commun transmis jeudi à l'AFP. La Coalition des forces vives pour le changement (CFC) et l'Alliance nationale pour l'Alternance démocratique (ANAD) sont représentées respectivement par Alpha Condé, opposant écroué fin 1998, libéré en 2001 sous la pression internationale, et par Sidya Touré, ancien Premier ministre (1996-1999).
« Dans sa première interview en tant que chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara a tout d'abord tenu à préciser que ses fonctions de chef du CNDD le plaçait de fait à la tête de l'Etat. »
«Je suis le président de la République», a affirmé le nouvel homme fort du pays. Quelques heures auparavant, le CNDD, le Conseil national pour la démocratie et le développement, avait choisi de prendre comme chef le capitaine Moussa Dadis Camara, son porte-parole. Les putschistes ont levé temporairement le couvre-feu qu'ils avaient décrété dans la journée de mercredi. Ils veulent parachever leur tentative de coup d'Etat démarré mardi matin, quelques heures après l'annonce officielle du décès du président Lansana Conté. A Addis Abeba, l'Union africaine a tenu mercredi une réunion sur la Guinée mais sans rien décider pour le moment.
Le chef de la junte nommé dans la journée de mercredi est allé, en début de soirée, au palais présidentiel de Conakry. Avant l'arrivée du capitaine Moussa Dadis Camara, plusieurs milliers de personnes se sont massées le long de l’avenue qui mène à la présidence. En milieu d’après-midi, les putschistes ont reçu le soutien de centaines de militaires, qui ont paradé dans les rues de Conakry. Ils étaient confiants. Et nombre d'entre eux levaient les bras en signe de victoire. Sur leur parcours, la population n’a pas exprimé de sympathie particulière à leur égard. Mais certaines personnes les ont acclamés. Alors qu'hier (mardi) les putschistes ont eu du mal à désigner leur chef...
Secrétaire général de l'Union pour le progrès de la Guinée
« On peut trouver la solution en réduisant le délai qui nous sépare du prochain scrutin. »
Secrétaire général de l'Union pour le progrès de la Guinée
« Pour conserver le pouvoir en Guinée, il faut avoir les moyens de fournir les services de base au peuple de Guinée. »
Hésitation entre le plus gradé - mais de la vieille génération - et la jeune garde, les choses semblent bouger plus vite. Le capitaine Moussa Dadis Camara et ses compagnons ont déjà indiqué qu'ils veulent organiser les élections dans 2 ans. Même si leur coup d'Etat n'a pas encore complètement abouti.
Président de l'Union pour le progrès et le renouveau
« Le mandat de l'Assemblée a expiré mais il appartenait à l'exécutif d'organiser ces élections. »
Président de l'Union pour le progrès et le renouveau
« Il faut qu'on décide ensemble de la durée de la transition et de sa configuration. »
Mais durant toute cette journée où les choses se sont précipitées, le président de l'Assemblée nationale, Aboubacar Somparé, ne s'est pas exprimé ; ni d'ailleurs le Premier ministre, Ahmed Tidiane Souaré. Mardi, les deux hommes avaient minimisé la tentative de coup d'Etat.
Ancien Premier ministre guinéen
« Nous souhaitons maintenant qu'ils prennent la direction qu'il faut pour que, véritablement, la Guinée redevienne un pays normal, qui fonctionne avec des institutions républicaines. »
Attachement de l'UA à la voie constitutionnelle |
Avec notre correspondante à Addis Abeba, Virginie Gomez
En cas de putsch avéré, l’Union africaine déploiera l’arsenal prévu par les textes : condamnation du coup d’Etat, suspension de la participation du pays [à l'UA], puis, dans un délai de six mois, mesures ciblées contre les putschistes.
Ce mercredi après-midi, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a réitéré son attachement à la voie constitutionnelle et s’est prononcé pour l’organisation rapide d’élections. Il s’est également félicité de l’absence d’effusion de sang et a appelé les militaires de tout rang à respecter les droits de l’homme. Une mission de la CEDEAO, présidée actuellement par le Nigeria, devrait partir incessamment pour Conakry. Le président de la commission de l’UA, Jean Ping, a fait part de son intention d’assister aux funérailles du président défunt, vendredi, l’occasion pour lui et pour d’autres Etats africains de tenter d’influer sur le cours des évènements. |