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24/12/2008

J-28: A votre bon cœur, messieurs dames…

par Anne Toulouse

Article publié le 25/12/2008 Dernière mise à jour le 25/12/2008 à 04:16 TU

Lorsque vous lirez ce texte ce sera le jour de Noël, une fête qui incite à la générosité. Une qualité dont je suis créditée par une vieille relation de campagne électorale, Hillary Clinton. Le jour où vous communiquez votre adresse e-mail à l’entourage d’un candidat, il faut savoir que vous vous transformez en tiroir-caisse potentiel.

Le 5 décembre, j’ai reçu un message qui commence par « Chère Anne » et qui essaie de me soustraire 250 dollars (ou plus) pour liquider les dettes de Madame Clinton, en échange de quoi j’aurai droit à un livre décrivant la vie édifiante de l’intéressée…depuis le temps que j’en rêvais. La lettre se termine par « je sais que vous êtes aussi fière que je le suis de tout ce que ma fille a accompli … »! Signé Dorothy.

Je comprends donc que l’on a sorti de sa retraite Dorothy Rodham, âgée de 86 ans, pour aller faire de la retape au nom de sa fille. Il n’est pas rare que dans les moments difficiles, les candidats appellent leur mère. Mais souvent cela ne suffit pas, le lendemain j’ai donc reçu un autre e-mail de Joseph Biden, futur vice-président, qui ne me demandait plus que 100 dollars pour Hillary. C’est comme les soldes, si l’on attend, les prix baissent.

Pourquoi cette effervescence jusque dans l’entourage de Barack Obama ? Parce que quand Hillary Clinton sera devenue membre du gouvernement, elle n’aura plus le droit de solliciter des fonds, pour liquider ses quelque 20 millions de dettes de campagne. Barack Obama chez qui l’argent continue à rentrer en abondance ne peut pas faire un beau geste, car la loi le considère comme un simple particulier dont la contribution est limitée à 2 300 dollars. Ceci étant, pour ce prix-là, la mère d’Hillary peut lui envoyer presque 10 livres !

La liquidation de la dette d’Hillary est donc devenue l’un des casse-têtes de la transition. Mais voici qu’à l’approche de l’échéance la situation se débloque. D’abord Hillary s’est résignée à donner l’exemple, en faisant une croix sur les 13 millions de dollars qu’elle a prêtés à sa campagne. La mauvaise nouvelle est qu’elle ne pourra pas déduire cette perte de ses impôts, car on ne peut pas se faire de contribution de campagne à soi-même. Cela ne la laissera pas dans le besoin. Elle a déclaré 109 millions de dollars de revenus l’année dernière.

Mais il reste encore un peu plus de 6 millions à liquider et, là, nous avons le témoignage de la créativité que génèrent les temps difficiles. La campagne Hillary Clinton détient un trésor, sa liste de donateurs potentiels, qui contient des millions d’adresses e-mail… comme la mienne. Ces listes sont très recherchées et peuvent être vendues ou louées à prix d’or. C’est ce qui vient de se passer. Et à qui ? Je vous le donne en mille : à la fondation de Bill Clinton, ce qui permet de transférer, en toute légalité, de l’argent de cette entreprise charitable vers les caisses de campagne de l’ex-candidate. Je peux témoigner que cela fonctionne. Il y a deux jours, à ma grande surprise, j’ai reçu mon premier message de la fondation Bill Clinton, sollicitant de l’argent pour la lutte contre le sida. Il était signé Chelsea Clinton. Chaque Noël a sa sainte famille !