Article publié le 29/12/2008 Dernière mise à jour le 30/12/2008 à 00:07 TU
Il y a, en anglais, une expression, empruntée au vocabulaire de la cuisine, pour exprimer la gravité des crises internationales : elles sont sur le « back burner », c'est-à-dire qu’elles mijotent sur le brûleur du fond, ou bien sur le « front burner », la partie avant du fourneau, où elles bouillonnent à plein régime.
Quel que soit le brûleur pour tous les présidents américains depuis Jimmy Carter, le conflit israélo-palestinien a été sur le feu. Ils le trouvent en arrivant, et le laissent en partant !
Lors de la dernière transition, en 2000-2001, Bill Clinton a travaillé jusqu'à la dernière minute à un accord de paix, qu’il voulait laisser en héritage de sa présidence. Huit ans plus tôt, les choses avaient bien commencé pour lui. En 1991, un an avant son élection, le premier président Bush avait donné une impulsion au processus de paix en organisant, avec son ministre des Affaires étrangères, James Baker, la conférence de Madrid. Le flambeau allait être repris par le gouvernement norvégien, avec les négociations d’Oslo, aboutissant à un accord de principe le 20 août 1993. Cet accord a été ratifié sur la pelouse de la Maison Blanche, le 13 septembre suivant, 9 mois après l’arrivée au pouvoir de Bill Clinton, qui l’a en quelque sorte reçu en héritage.
La suite a été moins gratifiante. Apres l’assassinat d’Yitzhak Rabin, en 1995, Bill Clinton a essayé à plusieurs reprises de remettre la paix sur les rails, avec le sommet de Wye Plantation en 1998, et Camp David 2, en 2000. Lors du sommet de la dernière chance, à Charm el-Cheikh en octobre 2000, la seconde intifada avait éclaté depuis un mois. Le président ne s’est pas découragé et a continué à entretenir des discutions secrètes pendant son dernier Noël a la Maison-Blanche, pour découvrir qu’il ne trouvait plus aucun écho, ses interlocuteurs préférant n’en faire qu’a leur tête et attendre son successeur.
Ce successeur était le deuxième George Bush, qui a reçu lui en héritage l’intifada et une situation de crise aiguë. Il a, bien évidemment, annoncé une nouvelle approche, avant de se retrouver lui aussi en train d’essayer d’organiser des rencontres, dont l’une sur les mêmes lieux, à Charm el-Cheikh, cinq ans plus tard.
Au moment ou il va à son tour passer le flambeau, on constate une fois de plus l’application du principe : « On sait ce qu’on laisse, on ne sait pas ce qu’on trouve ». De même qu’il y a huit ans, les Palestiniens avaient, bien à tort, préféré attendre l’arrivée de George Bush, cette fois- ci les Israéliens préfèrent manifestement ne pas attendre son successeur.
Barack Obama a eu un premier aperçu de ce qui mijotait pour lui, lorsqu’il a fait au mois de juillet dernier une tournée au Proche-Orient. S’il avait la moindre illusion là-dessus, il sait maintenant que ce chaudron-là sera, dès son arrivée, sur le brûleur de devant.