par Anne Toulouse
Article publié le 03/01/2009 Dernière mise à jour le 03/01/2009 à 00:26 TU
Les élections sont une leçon d’humilité pour ceux qui font le métier de les analyser. Revenons à il y a tout juste un an, le 3 janvier 2008, jour des Caucus de l’Iowa et souvenons-nous de la stupéfaction lorsque les résultats de la première épreuve de sélection démocrate ont été annoncés : Barack Obama arrivait largement en tête, devant John Edwards et Hillary Clinton.
Il faut se souvenir également que, jusque dans les derniers jours de 2007, la victoire d’Hillary Clinton était considérée comme acquise, au moins au niveau de la désignation de la candidature du parti démocrate et, d’une manière plus diffuse, au niveau de l’élection générale. Elle-même avait choisi de la présenter comme un fait déjà accompli. A une journaliste qui lui demandait : « Que ferez-vous si vous n’êtes pas élue présidente ? », elle avait répondu : « La question ne se pose pas puisque je serai présidente ! » Même en insistant, le journaliste n’avait pas obtenu d’autre réponse. Cette belle certitude ressemble a posteriori à de l’arrogance.
Beaucoup a été écrit, à l’époque, sur les erreurs de stratégie qui ont amené l’ex-première dame à une défaite dont elle ne s’est jamais vraiment relevée. Mais la suite des événements nous a montré que plus que la défaite d’Hillary Clinton, l’Iowa préfigurait en fait la victoire de Barack Obama. En 24 heures, il est passé du statut de candidat potentiel à la vice-présidence à celui de phénomène politique. Qui aurait dit au matin du 3 janvier 2008 qu’Hillary ne serait même pas prise en compte pour la place de numéro deux sur le ticket démocrate et serait, en apparence, heureuse d’hériter du Département d’Etat ? Si vous aviez voulu la faire rire, il y a un an, vous lui auriez raconté cette histoire.
Lorsqu’un éditorialiste du Wall Street journal a écrit cette semaine qu’Hillary Clinton méritait le titre de « la bourde de l’année », certains de ses confrères se sont empressés de lui faire remarquer que, dans ce domaine, elle avait de la concurrence. Que dire de la stratégie du républicain Rudolph Giuliani qui a cru malin de tout miser sur les primaires Floride, un mois après le début d’une compétition, où sa défaite a été consommée en une seule soirée électorale ? On pourrait également donner une place dans le palmarès à John Edwards, arrivé numéro deux dans les Caucus démocrates de l’Iowa. Après avoir concouru pour la présidence et pour la vice-présidence, il a finalement atteint le sommet de la disgrâce politique. La presse a révélé que, pendant que sa femme se battait contre un cancer incurable, il avait une liaison avec l’une de ses collaboratrices, qui a eu un enfant dont la paternité est à ce jour un mystère.
Certains peuvent aussi méditer sur les retournements du sort qui ont été pour les intéressés une divine surprise. Le lendemain des Caucus de l’Iowa, Joe Biden a regardé les résultats et en a conclu que le pays ne l’envisageait pas comme président. Il avait recueilli 0,9% des suffrages, ce qui représente moins de 3 000 électeurs. Il n’en a pas eu d’autres puisqu’après cela il a arrêté sa campagne. Ce qui ne l’a pas empêché de devenir le futur vice-président !