par Anne Toulouse
Article publié le 05/01/2009 Dernière mise à jour le 05/01/2009 à 01:00 TU
Barack Obama est arrivé dimanche dans la ville où il passera les quatre ou huit prochaines années. Beaucoup a été dit sur les problèmes de logement de la future famille présidentielle, qui aurait souhaité s’installer dès le début du mois de janvier à Blair House, la résidence des visiteurs de marque, mise à la disposition du président élu et de ses proches cinq jours avant son inauguration.
Les Obama étaient pressés par l’échéance de la rentrée des classes, qui a lieu ce lundi. Ils ne seront pas à la rue, ils occupent une suite dans un hôtel historique, dont les chambres donnent sur la façade de la Maison Blanche, ce qui permet une adaptation en douceur au nouveau cadre de vie. Ce genre de vue se paie, la presse évalue à 6 000 dollars chaque nuit de la future première famille, ce qui jusqu’au 15 janvier ferait une note de 60 000 dollars, à moins que l’hôtel Hay-Adams ait fait des prix… ce qui ne serait que justice en échange de l’énorme publicité gratuite dont il bénéficie.
60 000 dollars est également le montant total des frais scolaires des deux petites filles qui fréquenteront Sidwell, une école qui a les faveurs des démocrates chics. Chelsea Clinton et les petites filles de Joe Biden y ont appris les rigueurs de la vie. L’establishment républicain envoie, lui, ses enfants quelques centaines de mètres plus loin, sur la même avenue, à St Albans, qui a aussi accueilli quelques transfuges, comme Al Gore. Washington a ainsi ses codes, que seul Jimmy Carter a transgressés en envoyant sa fille, Amy, dans une école publique.
Les services publics ne sont pas le point fort de la capitale des Etats-Unis, qui est une ville coupée en deux. La partie que l’on ne voit pas des fenêtres du Hay-Adams en fait la troisième ville la plus dangereuse du pays après Detroit et Philadelphie, ce qui est tout de même un progrès sur les années 90 où Washington était la capitale du crack, avec près de 500 meurtres par an.
La ville, construite sur un marécage, est aussi connue pour son climat épouvantable, étouffant en été et glacial en hiver. Cela a valu une prime de pénibilité à certains diplomates, jusqu’au moment où l’on s’est aperçu que la climatisation et le chauffage central rendaient les conditions de vie très supportables.
Cela explique peut-être pourquoi les présidents, qui se donnent tant de mal pour conquérir Washington, ne semblent pas l’apprécier une fois qu’ils y sont parvenus. John Kennedy disait que la ville avait le charme du nord et l’efficacité du sud. Ronald Reagan comparait la Maison Blanche à une prison de verre et retournait dans son ranch en Californie avec presque autant d’empressement que George Bush filait au Texas à la première occasion.
Même l’attrait de la nouveauté ne parait pas jouer : Jimmy Carter est arrivé la veille de sa prise de fonction, Bill Clinton trois jours avant. Cela a évité des frais d’hôtel !