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08/01/2009

J-12 : Le club le plus fermé du monde

par Anne Toulouse

Article publié le 08/01/2009 Dernière mise à jour le 08/01/2009 à 00:26 TU

Il y a eu jeudi un moment rare, celui où les présidents des Etats-Unis, passés, présent et à venir, se sont retrouvés dans le bureau ovale. La photo à elle seule en dit long. George Bush est entouré de son prédécesseur, Bill Clinton, et de son successeur, Barack Obama, lui-même flanqué du premier président Bush. Les quatre hommes sont épaule contre épaule.

Barack Obama rencontre ses prédécesseurs à Washington. De gauche à droite, George H.W. Bush, Barack Obama, George W. Bush,  Bill Clinton, et  Jimmy Carter, le 7 janvier 2009.(Photo: Reuters)

A l’autre bout du cliché se trouve Jimmy Carter, souriant, mais on distingue un écart net entre lui et son voisin, Bill Clinton. Il est vrai que, comme on dit ici, « il n’y a pas d’amour perdu entre ces deux-là ». Il n’y avait pas, non plus, dans la pièce un homme dont Jimmy Carter n’ait dit publiquement du mal, un jour ou l’autre ! Il a toujours eu des rapports aigres avec le cercle restreint de ses pairs, a l’exception de Gerald Ford, mais celui-ci est mort il y a deux ans. C'était alors le cinquième sur un portrait de famille qui n’a jamais été plus large.

Les Etats-Unis ont eu, a un moment, le nombre exceptionnel de six présidents vivants, mais l’un d’entre eux, Ronald Reagan, avait, comme il l’a écrit, « commencé le voyage qui m’emmènera vers le crépuscule de ma vie ». Bien avant sa mort en 2004, la maladie d’Alzheimer le tenait à l’ écart du monde. 

« Tous ceux qui ont servi dans ce bureau savent que la fonction transcende l’individu », a déclaré George Bush. Le « fairplay » est une tradition de la politique américaine. Le vaincu, lorsque tout est fait et dit, concède généralement « grâcieusement » la victoire à son adversaire. Le discours de John McCain au soir du 4 novembre a plus étonné à l’étranger qu’aux Etats-Unis.

Mais la connivence entre anciens présidents va souvent plus loin qu’une courtoisie de façade. Il y a un lien unique entre ces hommes, qui constituent le club le plus fermé du monde, l’un de ceux qui n’admettent pas encore les femmes. Le cas le plus frappant est le tandem Bush père / Bill Clinton .Lorsqu’il a quitté la Maison-Blanche, après une campagne ou les deux hommes s’étaient comme il se doit mis en pièce, le premier président Bush a dit à son successeur : « Bill, maintenant, quand vous aurez un problème, vous pourrez m’appeler ». Ce que le président Clinton a, paraît-il, fait.

Mais leurs relations se sont développées et semblent avoir évolué vers une forme d’amitié lorsqu’ils se sont retrouvés ensemble ex-présidents. Cette anecdote en témoigne : un jour, Bush père se promenant dans Harlem passe devant le quartier général de Bill Clinton. Il monte dans son bureau pour le surprendre et découvre que l’ex-président est en voyage. Il s’installe alors dans son fauteuil, face à la fenêtre, met les pieds sur le bureau, prend le téléphone et l’appelle : « Allô, Bill, c’est George, joli bureau, joli vue… »