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13/01/2009

J-7 : Les Premières dames

par Anne Toulouse

Article publié le 13/01/2009 Dernière mise à jour le 14/01/2009 à 01:18 TU

Ce mardi Hillary Clinton est entendue par le Sénat, qui va, selon toute probabilité, ratifier sa nomination à la tête de la diplomatie américaine. Elle deviendra alors Madam Secretary, un titre officiel, contrairement à celui qui relève simplement de l'usage protocolaire américain : first lady, la « Première dame ».

Malgré la Révolution, les Américains ont sans doute gardé une certaine nostalgie des usages britanniques, car ils ont appelé l’épouse du premier président Lady Washington. Le terme de first lady a été employé pour la première fois sous la présidence de James Buchanan, qui n’était pas marié. Sa nièce servait d’hôtesse à la Maison Blanche ; cette appellation a permis de donner un titre générique à la dame qui fait les honneurs de la maison, qu’elle soit  ou non l'épouse du président.

Le rôle de first lady n’est pas défini et il tient à la personnalité de celles qui l’occupent. Certaines sont restées dans l’Histoire pour des actes hors du commun, comme Daisy Madison, qui a sauvé au péril de sa vie les objets de valeur de la Maison Blanche en feu, pendant la guerre de 1812. Mary Lincoln s’est, elle, chargée de meubler les lieux. Malgré la guerre, elle a acheté à tour de bras des objets décoratifs, dont les véritables horreurs qui garnissent  la plus célèbre chambre de la Maison Blanche, la Lincoln bedroom. Les psychiatres classeraient aujourd’hui Mary Lincoln parmi les acheteuses compulsives. Elle a d’ailleurs été enfermée sur la fin de sa vie, à la demande de son propre fils. Lucy Hayes avait une manie moins couteuse et même économique : elle menait un combat sans répit contre la consommation d’alcool. Elle a interdit qu’on en serve à la Maison Blanche, à l’exception notable de la visite d’un grand-duc russe en 1877. Elle est passée à la postérité sous le nom de Lucy limonade.

Eleanor Roosevelt, présidente du comité chargé de rédiger la Déclaration universelle.
Les Premières dames modernes sont préfigurées par Eleanor Roosevelt (photo), épouse de Franklin. Elle était  l’une de ses cousines et a connu bien des tourments à ses cotés. Il la trompait abondamment et le fait qu’elle l’ait soigné pendant son attaque de poliomyélite n’a pas ralenti les ardeurs du président. L’une de ses maîtresses est restée à la Maison Blanche jusqu'à ce qu’elle meure, une autre se trouvait au chevet du président lorsque lui-même est mort. Eleanor  se vengeait, parait-il, en faisant servir une nourriture abominable à la Maison Blanche, mais elle est passée à la postérité pour de plus nobles raisons. Elle avait une forte conscience politique et n’a pas hésité à contredire publiquement son mari, lorsque par exemple il refusé de faire pression sur le Congrès pour interdire le lynchage des noirs. On dit que son fantôme hante la Maison Blanche. Hillary Clinton prétend sans rire avoir communiqué avec elle. Elle a en tout cas été inspirée par elle : Eleanor Roosevelt est la première épouse de président à qui l’on ait suggéré de se présenter pour un poste de sénateur, ce qu’elle a refusé. Hillary Clinton est la première first lady qui ait songé à faire revenir son mari à la Maison Blanche comme first gentleman.

Jacky Kennedy et Nancy Reagan ont  symbolisé  l’élégance. La première a charmé et intrigué le monde entier, la seconde est connue pour une extraordinaire histoire d'amour avec son mari. Il lui écrivait des mots doux presque tous les jours et leur passion a duré jusque dans le grand âge et la maladie. 

Si Jacky Kennedy s’est reconvertie sur la fin de sa vie dans l’édition, il devient classique que les Premières dames vendent leurs souvenirs en librairie. Un éditeur new-yorkais vient de signer un contrat avec Laura Bush pour publier ses mémoires. On ne connait pas le montant offert, mais il devrait se situer dans les mêmes eaux que les 8 millions de dollars reçus par Hillary Clinton, lorsqu’elle a quitté la Maison Blanche.

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