par Patrick Adam
Article publié le 15/01/2009 Dernière mise à jour le 15/01/2009 à 20:05 TU
« Nous ne vivons plus, sept familles ont été détruites », a confié la mère de Roberto Scola, l'une des victimes, au premier jour du procès.
(Photo: AFP)
La salle d’audience est comble, remplie en grande partie de proches des victimes. Plusieurs portent un T-shirt à l’effigie de l’un des ouvriers tués. Leur fils, frère ou mari.
Ce procès, une première en Italie, s’est ouvert jeudi 15 janvier 2009 au matin devant la Cour d’assises de Turin.
Six responsables du géant allemand de l’acier ThyssenKrupp comparaissent devant la justice pour la mort de sept ouvriers.
Le 6 décembre 2007, une explosion avait provoqué un incendie sur une ligne du laminoir, « les flammes étaient si hautes que je ne pouvais plus voir mes sept collègues, je ne pouvais rien faire », témoigne le seul survivant du drame, Antonio Boccuzzi, élu en avril dernier député sur les listes du Parti démocrate. L’accident avait bouleversé l’Italie, d’autant que les ouvriers étaient morts des suites de leurs brûlures après des jours et des jours d’agonie.
Seuls deux des accusés se sont présentés à l’audience.
La véritable nouveauté de cette procédure instruite par le juge Raffaele Guariniello, connu pour son ardeur à la tâche, c’est que l’accident de travail a perdu son statu de fatalité, et les chefs d’entreprise leur impunité.
Ainsi le directeur de la branche acier de ThyssenKrupp en Italie est-il jugé pour « homicide volontaire », avec comme circonstance aggravante le fait que la justice a retenu une « possible intention criminelle ». Il risque vingt-et-un an de prison. Les autres accusés comparaissent pour homicide par imprudence. Une sévérité qui s’explique par les circonstances de l’époque. L’enquête a révélé les manquements en matière de sécurité. Une enquête parallèle a d’ailleurs été ouverte sur les contrôles dont on a appris qu’ils étaient toujours annoncés à l’avance et donc rendus inopérants. Les extincteurs d’ailleurs étaient vides.
En juillet 2007 a été signé l’accord de fermeture de l’usine. Elle comptait à ce moment-là 380 salariés. Le jour du drame, ils n’étaient plus que 270. Les ouvriers y travaillaient parfois jusqu’à treize heures de suite, y compris la nuit. La mère de l’une des victimes assure que « l’usine a fait gagner beaucoup d’argent à ses propriétaires » mais après « qu’ils aient décidé de la fermer, il n’y avait plus de sécurité, ils n’ont plus fait les maintenances nécessaires ».