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Médias/Economie

Des milliardaires se paient des grands journaux

par  RFI

Article publié le 21/01/2009 Dernière mise à jour le 21/01/2009 à 17:59 TU

(Photo : DR)

(Photo : DR)

Les grands quotidiens, dont certains des plus prestigieux, sont également touchés par la crise. Des milliardaires récemment apparus sur la scène internationale et issus de pays émergents, viennent à la rescousse de titres menacés en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Après le rachat de l'ex-titre phare de la presse quotidienne française, France-Soir par Alexandre Pougatchev, fils d'un oligarque russe, c'est au tour du quotidien du soir londonien, Evening Standard, de passer aux mains d'un autre milliardaire russe, Alexandre Lebedev. Quant au New York Times, il va bénéficier de 250 millions de dollars d'investissement (192 millions d'euros)  du milliardaire mexicain, Carlos Slim.

Un fleuron de la presse britannique, l'Evening Standard, passe aux mains du milliardaire russe Alexandre Lebedev, un ancien du KGB reconverti dans les affaires. La société détenue par les Lebedev, père et fils, détiendra la majorité du capital de ce quotidien londonien du soir, dont les pertes sont estimées à plus de 20 millions d'euros.

Aux Etats-Unis, c'est le milliardaire mexicain, Carlos Slim, l'une des plus grosses fortunes au monde, qui tient le rôle de chevalier blanc et investit 250 millions de dollars dans le groupe du New York Times. Dans un premier temps, Carlos Slim ne contrôlera pas le capital du groupe, mais cette situation pourrait évoluer. L'accord prévoit en effet la possibilité pour le milliardaire mexicain de monter en puissance dans l'actionnariat d'ici 2015.

En France aussi, le quotidien France-Soir va être repris à 85% par un groupe financier dirigé par le fils de l'oligarque russe, Serguei Pougatchev. Son fils, Alexandre Pougatchev, est de nationalité française. Il est donc en conformité avec la loi française qui n'autorise pas un non-communautaire à détenir plus de 20% d'une entreprise de presse.

Qui est Alexandre Lebedev?

Avec notre correspondant à Moscou, Thierry Parisot

Un oligarque russe se doit d'être propriétaire, à Londres, que ce soit d'un petit hôtel particulier ou d'un grand club de foot. Alexandre Lebedev n'échappe pas à la règle. Sa fascination pour la capitale britannique remonte aux années 80, quand il travaillait à l'ambassade de l'Union soviétique au Royaume-Uni. Officiellement, il occupait le poste d'attaché économique. En réalité, il faisait partie du KGB. C'est à cette époque, dit-il aujourd'hui, qu'il a commencé à lire l'Evening Standard pour y trouver des informations à transmettre à Moscou. Il termine sa carrière d'espion, en 92, avec le grade de lieutenant-colonel du KGB.

A partir de là, les choses sérieuses commencent. Il rachète une banque, qui reste aujourd'hui au coeur de son empire, un porte-feuille d'actifs qui valait, avant la crise, plus de trois milliards de dollars. Une fois riche, il devient député à la Douma, au tout début des années Poutine. Mais il apprend vite les règles du jeu du nouveau régime. Il finit par renoncer à toute ambition politique et ne critique pas directement le pouvoir en place, pour éviter l'exil ou la prison. Mais il se construit un petit espace de liberté. Il va ainsi racheter Novaïa Gazeta, le quotidien d'opposition où travaillait la journaliste assassinée, Anna Politkovskaïa. Et il est ainsi l'un des très rares, en Russie, à défendre la liberté de la presse.