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Energie

Nabucco cherche un financement

par Patrick Adam

Article publié le 26/01/2009 Dernière mise à jour le 27/01/2009 à 09:54 TU

Les pays concernés par le projet Nabucco se réunissent ce lundi à Budapest en Hongrie. L’objectif est de trouver les financements nécessaires à la construction de ce gazoduc dont l’intérêt, très politique, est d’acheminer du gaz de la mer Caspienne vers l’Europe centrale, en évitant la Russie.
Tracé du gazoduc Nabucco, entre la mer Caspienne et l'Europe occidentale. Il évite le passage par la Russie.(Source : Wikipedia)

Tracé du gazoduc Nabucco, entre la mer Caspienne et l'Europe occidentale. Il évite le passage par la Russie.
(Source : Wikipedia)


C’est après la première crise entre la Russie et l’Ukraine en 2006 et les perturbations des livraisons sur le marché européen que la Commission européenne a décidé de faire du projet d’un gazoduc qui éviterait la Russie un objectif prioritaire. Baptisé Nabucco, le projet continue de se chercher une légitimité et surtout un financement. Avec la répétition des problèmes entre Moscou et Kiev et les conséquences sur l’approvisionnement des pays européens, le projet Nabucco retient à nouveau l’attention des gouvernements mais les obstacles sur la voie de sa construction ne sont pour autant pas levés.

Qui va payer ?

Principal écueil, le financement. Le coût de ce gazoduc, long de 3 300 km est désormais estimé à huit milliards d’euros (près du double du budget de départ). « Assurer le financement du projet Nabucco est un des éléments primordiaux de la conférence de Budapest », explique le Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany. Six pays sont associés au projet (Allemagne, Autriche, Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Turquie) mais le sommet accueille également les pays fournisseurs potentiels comme l’Irak, le Turkménistan et l’Azerbaïdjan. La Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) seront présentes afin de faciliter la recherche de financements.

Des soucis d’alimentation

Le patron du consortium table sur un début des travaux en 2010 et de premières livraisons en 2013. Mais les différents acteurs peinent à s’accorder, chacun attendant que l’autre s’engage plus avant. Ainsi « les pays exportateurs ont dit ne rien promettre tant que la construction du gazoduc n’est pas certaine, alors que les constructeurs ne démarreront pas les travaux tant que les exportateurs n’assurent pas qu’ils fourniront les ressources nécessaires », souligne le Premier ministre hongrois. Or, pour rentabiliser le projet, les Européens doivent trouver trente milliards de mètres cubes de gaz à acheminer chaque année. On en est loin.

Les réticences sont aussi politiques. Ainsi la Turquie a fait savoir qu’elle pourrait ralentir le projet si son intégration européenne ne progressait pas. Enfin la Russie, loin de se laisser intimider, propose d’autres tracés vers l’Europe mais en évitant le territoire ukrainien, North Stream et South Stream (sous la mer Noire). Ce dernier projet russo-italien sur lequel s’est greffée la Hongrie apparaît comme un concurrent d’autant plus dangereux pour Nabucco que le Conseil mondial de l’énergie l’a jugé « plus prometteur » en juin dernier.

L’alternative du gaz liquide

Face à des tracés très politiques et dont la rentabilité n’est pas assurée l’alternative pourrait être le gaz liquide. Il permet facilement d’échapper à l’étau russe en diversifiant les fournisseurs. Des liens pourraient être développés avec l’Algérie, le Nigeria ou le Qatar. Une quinzaine de terminaux existent et quatre sont actuellement en construction.