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Russie / « Journée du désaccord »

La crise économique, alliée de l'opposition ?

par Maud Czaja

Article publié le 30/01/2009 Dernière mise à jour le 31/01/2009 à 14:08 TU

L’opposition russe se risque à retourner dans la rue pour réclamer la démission du Premier ministre, Vladimir Poutine, ce samedi. Cette nouvelle « journée du désaccord » prévoit plusieurs manifestations, certaines autorisées, d’autres non, dans les villes russes. A différents endroits, pour éviter un affrontement direct et violent avec les forces de l’ordre.
La police russe arrête des manifestants de l'opposition, lors de la « marche du désaccord » du 14 décembre 2008 à Saint Pétersbourg.(Photo : AFP)

La police russe arrête des manifestants de l'opposition, lors de la « marche du désaccord » du 14 décembre 2008 à Saint Pétersbourg.
(Photo : AFP)


Lors de la dernière « marche du désaccord » organisée le 14 décembre dernier, les manifestants avaient été violemment dispersés par les Omon, la police anti-émeutes. Pour éviter qu’un tel scénario ne se répète, l’opposition russe a changé de méthode et n’a pas donné rendez-vous à ses militants à un endroit précis.

Les manifestations seront éparpillées dans différents endroits de la capitale, Moscou, mais aussi à Saint-Pétersbourg, ville d’origine de Vladimir Poutine, et dans la région de Primorié (Extrême-Orient de la Russie).

Qui organise la « Journée du désaccord » ?

La « Journée du désaccord » rassemble des mouvements très hétéroclites, allant des libéraux à l’extrême gauche. Le parti « L'Autre Russie » réunit les représentants de différents mouvements et mouvances politiques et de défense des droits de l’homme.

Dans cette coalition, on retrouve le Front civique unifié de l’ancien champion du monde d’échecs, Garry Kasparov, mais aussi le mouvement des jeunes engagés Oborona, l’Union populaire et démocratique russe de l’ancien Premier ministre Mikhaïl Kassianov, ou bien encore le parti national-bolchévique de l’écrivain franco-russe Edouard Limonov, qui a conservé le nom de cette formation malgré son éclatement en 2006.

La participation de l’ancien champion du monde d’échecs Garry Kasparov à cette « Journée du désaccord » n’a pas encore été confirmée.

L’opposition réclame la démission de Vladimir Poutine

L’opposition russe dénonce le recul de la démocratie en Russie et réclame la démission pure et simple du Premier ministre russe, Vladimir Poutine. Elle compte sur les premiers effets de la crise économique pour mobiliser ses militants. La monnaie russe, le rouble, ne cesse ces dernières semaines de s’enfoncer face au dollar et à l’euro. Il leur a cédé plus de 7% cette semaine. Le taux de chômage est passé de 7 à 7,7%, au cours du seul mois de décembre. Les autorités russes se veulent néanmoins rassurantes et certifient qu’elles tiennent toujours en main les rênes du rouble.

Mais la chute du rouble ne semble pas encore se répercuter sur les hautes sphères du pouvoir russe. D’après un dernier sondage publié cette semaine par le Centre d’étude de l’opinion publique russe, près de 80% des Russes approuvent les activités de l’exécutif russe.

 Retour sur certains épisodes des « marches du désaccord »

16 décembre 2006 : Moscou, de 2 000 à 4 000 personnes, environ 250 arrestations

3 mars 2007 : Saint-Pétersbourg, près de  5 000 personnes, environ 100 arrestations

24 mars 2007 : Nijni Novgorod, manifestation interdite écrasée par quelques 3 000 policiers, environ 200 arrestations

14 avril 2007 : Moscou, Gary Kasparov arrêté avant même le début de la manifestation, près de 10 000 policiers convoqués à Moscou afin de maintenir l’ordre public. Entre 1 000 et 5 000 personnes, 300 arrestations

15 avril 2007 : Saint-Pétersbourg, une centaine d’arrestations

28 avril 2007 : Nijni Novgorod, plusieurs dizaines de participants arrêtés quelques minutes plus tard

1er mai 2007 : rassemblement important pour la Fête du travail, généralement sans incident majeur

18 mai 2007 : entre 100 et 500 personnes, 6 arrestations

19 mai 2007 : Tcheliabinsk, environ 350 personnes

14 décembre 2008 : près de 200 personnes, 90 arrestations

D’après le Centre russe d’étude de l’opinion publique, près de 55% des Russes n’ont rien entendu au sujet des « marches du désaccord ».