Article publié le 04/02/2009 Dernière mise à jour le 05/02/2009 à 00:08 TU
Tzipi Livni, lors de la « Fête de la dernière chance », dans une boite de nuit branchée de Tel-Aviv, le 3 février 2009.
(Photo: Reuters)
Avec notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul
Un commentateur parle même ici, ce mercredi, de « Guerre des six jours » : c’est une véritable bataille des partis qui se deroule d’ici à mardi prochain, pour enrôler à la dernière minute les indécis. Ils seraient près de 30% encore, à ne pas avoir fait leur choix.
C’est vrai pour les jeunes qui se désintéressent de la campagne électorale ; c’est vrai pour les femmes, pour les russophones et aussi pour la population arabe en Israël. On assiste aussi à un autre phénomène : la montée en flèche du parti Israël Beitenou d’Avigdor Lieberman (« Israël est notre maison »), qui sème la panique, surtout au Likoud.
C'est ce qui explique pourquoi les chefs de file des grands partis font le forcing.
La « surboum de la dernière chance »
Tzipi Livni, la chef de file de Kadima, a ainsi utilisé une nouvelle technique de séduction électorale : la danse. Le décor est planté: une boîte de nuit à la mode de Tel Aviv et une affiche : « Ce soir, DJ Tzipi ». C’est en jeans et en tee-shirt que la ministre des Affaires étrangères s’est présentée, après avoir fait une tournée des bars branchés du sud de la ville, les quartiers chauds de Tel Aviv. La soirée s’intitule : « La surboum de la dernière chance ».
Un petit discours électoral bien sûr, une bouteille de bière à la main, Tzipi Livni met son premier disque sur la platine, et le groupe s’appelle « Machina », le titre : « On n’a pas où aller ». Et sur la piste de danse, on peut reconnaître tout le groupe parlementaire du Kadima ; cela change vraiment de la Knesset !
De la piste de danse à la place du marché
Du côté du Likoud, la droite, pas de dancefloor mais les marchés pour Benjamin Netanyahu. C’est moins original, mais ce n’est pas forcément de tout repos. Le décor est bien différent : le grand marché de Jérusalem Mahen Yehouda, un lieu haut en couleurs et en odeurs, le site de nombreux attentats aussi, un passage obligé pour qui veut faire de la politique en Israël. En fait, ce marché a de tout temps été considéré comme le bastion du Likoud. C’est pour cela que Benjamin Netanyahu se sentait à l’aise ce matin, au moment de se rendre à Mahen Yehouda. Il a rejeté l’offre du Shin Beth, la protection rapprochée, de revêtir un gilet pare-balles. Les agents ont insisté. Finalement, il a cédé.
Mais les choses se sont passées moins bien que prévues ; peut-être parce que Netanyahu est le père du libéralisme économique forcené en Israël et que les marchands de Mahen Yehouda sont atteints de plein fouet par la crise, et peut-être aussi parce qu’ils ont tout simplement viré à droite, et qu’ils préfèrent maintenant Lieberman. Toujours est-il que « Bibi » a dû écourter son marché...
Et le téléphone...
A gauche, Ehud Barak, le leader travailliste est devenu lui, un adepte du marketing téléphonique. « Allô, Allô Rina, c’est Ehud à l’appareil. Non, non, ce n’est pas une blague ; écoutez, vous reconnaissez peut-être mon zozotement ». Ehud Barak a passé la soirée au téléphone. Mardi, parfois avec humour, il a téléphoné à des indécis pour tenter de les convaincre de voter travailliste.
Alors, pour ce qui est de Rina, soit dit en passant, c’était raté, parce qu’elle a répondu qu’elle avait entre temps fait son choix. Mais Barak n’a pas perdu le nord. Il lui a dit : « L’important c’est que vous alliez voter ».
On a pu entendre le leader travailliste expliquer que : « Kadima était en fait un Likoud bis et qu’au Meretz, le parti ‘ Colombe ‘, là-bas, tout le monde était très gentil, mais que cela ne servait à rien de voter pour eux »
Un très, très beau numéro, entièrement télévisé bien sûr, qui va se poursuivre jusqu’au jour J, mardi prochain.