par Frédérique Misslin
Article publié le 06/02/2009 Dernière mise à jour le 07/02/2009 à 17:16 TU
Trente-trois partis israéliens sont en lice pour les élections législatives anticipées du 10 février. Une douzaine seulement devraient passer les portes de la Knesset car il faut pour cela franchir la barre des 2% des suffrages. Les derniers sondages donnent Benjamin Netanyahu gagnant mais le chef de la droite nationaliste, s’il devient Premier ministre devra sans doute faire alliance avec l’ultranationaliste Avigdor Lieberman. Le chef de file d’Israël Beiteinou pourrait créer la surprise même si un électeur sur quatre dit ne pas savoir pour qui il va voter.
La campagne électorale était supposée tourner autour de la crise économique parallèlement aux questions de sécurité. Finalement, elle s’est résumée à une bataille sans passion sur les résultats de l’opération « Plomb durci » à Gaza. Pourtant, lorsque le Premier ministre Ehud Olmert (soupçonné d’être mêlé à des affaires de corruption) a présenté sa démission en septembre 2008, les Israéliens s’attendaient à ce que cela déclenche un débat sur la morale en politique. Ce thème n’a pas été abordé non plus. Quatre ans après la fin de l’occupation israélienne à Gaza, la question de l’enclave palestinienne (et des tirs de roquettes) reste au cœur de la campagne électorale.
La percée de l'extrême droite
Il y a ceux qui estiment qu'« on aurait pu faire mieux c'est-à-dire renverser le Hamas », explique Efraïm Inbar. Selon le directeur du Centre d’études stratégiques à l’Université Bar Ilan, « le Likoud capitalise sur ce sentiment qu’il ne fallait pas arrêter l’opération ». La popularité du ministre de la Défense, le travailliste Ehud Barak, a fortement augmenté durant l’offensive. A la tête du parti Kadima (centre droit), Tzipi Livni tente elle aussi de récupérer les bénéfices électoraux de la campagne de Gaza. La ministre des Affaires étrangères a essayé ces derniers jours de convaincre les 25% d’indécis : « J’ai l’intention de poursuivre le processus de paix, et j’ai l’intention de le faire de manière responsable en tenant compte en tout premier lieu des intérêts d’Israël ».
Le grand gagnant de la guerre, selon les sondages, c’est le parti de l’ultra-nationaliste Avigdor Lieberman. Israël Beiteinou devrait en effet réaliser une percée sans précédent en obtenant entre 17 à 19 mandats sur 120 (contre 11 dans le Parlement sortant). Il deviendrait alors la troisième formation dans la prochaine Knesset, derrière le Likoud et Kadima mais devant les travaillistes. Benjamin Netanyahu l’a bien compris. Le leader de la droite nationaliste précise qu’il entend, s’il gagne, offrir un ministère important à Avigdor Lieberman.
Le vote des Arabes israéliens
Le crédo d’Avigdor Lieberman est simple, l’ancien videur de boîte de nuit reconverti en politique se pose en sauveur d’un pays menacé: « Le danger est à l'extérieur mais aussi à l'intérieur. Et celui-là, c'est le plus grave... ». Son slogan, « sans loyauté il n’y a pas de citoyenneté », s’adresse directement aux Arabes israéliens soupçonnés selon lui de « soutenir le terrorisme ». Un discours qui trouve un certain écho en Israël. Le 12 janvier dernier, en pleine offensive à Gaza, la commission électorale israélienne avait demandé que deux partis arabes israéliens soient interdits d’élection. Finalement la Cour suprême a annulé cette décision.
Les Arabes israéliens représentent 20% de la population, ils se considèrent comme des citoyens de seconde zone. L’intervention israélienne à Gaza a encore creusé le fossé qui les sépare de la majorité juive. Beaucoup de ces Arabes israéliens s’interrogent sur leur participation au scrutin.
Le processus de paix est plus que jamais en panne, il n’en a pas été question durant la campagne électorale. Un rapport publié par la Paix Maintenant est même passé presque inaperçu : « Le nombre de bâtiments construits dans les colonies de peuplement israéliennes en Cisjordanie occupée a augmenté de 60% en 2008 », révèle le mouvement anti-colonisation qui note « aucune colonie sauvage n’a été démantelée » et précise que le nombre total des colons est passé de 270 000, en 2007, à 285 000, en 2008. Un électorat qui vote généralement à droite et à l’extrême droite.