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Glossaire/Iran

Trente ans de Révolution islamique de A à Z

par Nicolas Falez

Article publié le 10/02/2009 Dernière mise à jour le 27/05/2009 à 22:08 TU

De A comme « Ayatollah » à Z comme « Zoroastrien »…

A comme Ayatollah

L’ayatollah Ali Khamenei.(Photo : AFP)

L’ayatollah Ali Khamenei.
(Photo : AFP)


Littéralement « le signe de Dieu ». L’Ayatollah occupe la plus haute fonction au sein du clergé chiite. L’Ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique ou l’Ayatollah Khamenei, actuel Guide suprême portent ce titre. Il y a environ 150 ayatollahs en Iran.

 

B comme Balistique

Le programme nucléaire iranien inquiète l’Occident. Mais aussi son programme balistique : qu’il s’agisse de ses missiles ou de ses fusées (comme celle ayant mis sur orbite le premier satellite 100% iranien le 4 février 2009). Israéliens, Américains et Européens disent redouter un programme de missiles à très longue portée, sous couvert de recherche spatiale.

C comme Chiisme

Dans le monde, seuls 15% des musulmans sont chiites. Mais près de 90% des Iraniens appartiennent à cette branche de l’islam. A la mort du prophète Mahomet, en 632 après JC, les chiites, ont suivi son gendre, Ali, puis ses descendants, les douze imams. Cette minorité a longtemps été marginale et méprisée (Sud Irak, Sud Liban), mais elle est religion d’État en Iran depuis le XVIe siècle. La Révolution islamique de 1979 a provoqué le réveil de cette communauté jusqu’alors soumise et discrète. Les pays sunnites et certains pays occidentaux s’inquiètent donc de l’émergence d’un « croissant chiite » qui unirait les chiites iraniens, irakiens, libanais et ceux des pays du Golfe, au service des intérêts de Téhéran.

D comme Dialogue

Le nouveau président américain Barack Obama répète qu’il veut dialoguer avec l’Iran, ce qui représenterait un tournant historique, trente ans après la Révolution islamique et la rupture des relations diplomatiques entre Washington et Téhéran. « Le peuple iranien est prêt au dialogue mais dans un climat d'égalité et de respect mutuel », lui répond Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien. En Europe, la position affichée depuis le début des années 92 est celle du « dialogue critique » avec l’Iran.

E comme Ebadi

Shirine Ebadi.(Photo: Mounia Daoudi/RFI)

Shirine Ebadi.
(Photo: Mounia Daoudi/RFI)

Shirine Ebadi, avocate iranienne attachée à la défense des droits de l’homme, a reçu le prix Nobel de la paix en 2003. Elle fut la première Iranienne et la première femme musulmane à recevoir cette distinction. Dans ses bureaux de Téhéran, elle travaille à la défense des droits de l’homme, des femmes et des enfants.

F comme Fars

Fars est la province iranienne (au sud-ouest du pays capitale Chiraz) qui a donné son nom au pays tout entier (Pars, Perse), c’est le berceau de l’Empire perse (Persépolis ) et de la langue persane (en persan farsi) qui est la langue nationale de l’Iran. Le nom « Iran » désigne l’ancienne Perse depuis 1934.

F comme Foulard

A l'occasion du 30e anniversaire de la révolution islamique, des étudiants brandissent le drapeau iranien, le 10 février 2009.
(Photo: Reuters)
Obligatoire pour les femmes (mêmes étrangères) en Iran, où la loi impose qu’elles couvrent leur chevelure. Nombreuses sont les Iraniennes qui portent le foulard  très en arrière, afin de laisser entrevoir le plus de cheveux possibles. Mais gare aux miliciennes Bassidjis, chargées de veiller aux règles vestimentaires islamiques, en sermonnant au besoin les imprudentes.

G comme Gardiens de la Révolution

C’est l’armée idéologique de la République islamique, créée dans les mois qui suivent la révolution de 1979. Les Gardiens de la Révolution ou « Pasdaran » ont combattu en première ligne pendant la Guerre Iran-Irak (1980-1988). Ce corps d’élite compterait environ 130.000 hommes. Nombre d’anciens Pasdaran occupent aujourd’hui de hautes fonctions au sein de l’Etat iranien, dont ils sont les « gardiens » . Ce passé commun n’exclut pas des divergences de vue comme celles que l’on observe entre le président Ahmadinejad et le maire de Téhéran Mohammad-Baqer Qalibaf, tous deux anciens Pasdaran.

G comme Guide suprême

Il est le plus haut dirigeant iranien, à la fois chef religieux et politique. Il concentre la réalité du pouvoir exécutif, militaire et judiciaire. C’est l’Assemblée des experts (élue au suffrage universel) qui le désigne et elle seule peut le destituer. A la mort de l’Ayatollah Khomeiny en 1989, c’est l’Ayatollah Ali Khamenei qui l’a remplacé jusqu’à aujourd’hui. 

H comme Hezbollah et Hamas

L'emblème du Hamas.

L'emblème du Hamas.

La formation chiite libanaise et le mouvement islamiste sunnite palestinien sont des alliés revendiqués de l’Iran dans la région. Alliance historique en ce qui concerne le Hezbollah, plus récente et stratégique avec le Hamas. Le soutien iranien à ces deux organisations, ainsi qu’à certaines milices irakiennes, est l’un des leviers d’influence de Téhéran au Proche et au Moyen-Orient.

 

I comme Imam

Les musulmans chiites reconnaissent douze imams. Le premier est Ali, le gendre du Prophète Le dernier a mystérieusement disparu en 872 et depuis les chiites attendent son retour. Le terme « imam » est également utilisé pour qualifier un haut-dignitaire religieux, on parle ainsi de l’ « Imam Khomeiny ».

J comme Jannati

L’Ayatollah Ahmad Jannati est l’actuel président du Conseil des gardiens de la Constitution. Composée de 12 membres désignés, cette institution de la République islamique veille à la compatibilité des lois avec l’islam et avec la Constitution iranienne. Le Conseil des gardiens de la Constitution s’est également arrogé le droit d’éliminer les candidats jugés « non islamiques » avant chaque élection, ce qui suscite de fortes critiques, tant en Iran qu’au dehors.

K comme Khomeiny

Des fidèles brandissent le portrait de l'imam Khomeiny lors de la célébration du 30e anniversaire de la Révolution islamique en Iran, samedi 31 janvier 2008 au cimetière de Behesht Zahra, au sud de Téhéran.(Photo : Reuters)
Né en 1902, dans une famille de dignitaires chiites, Rouholla Khomeiny s’oppose au pouvoir du Shah dans les années 60. Après les années d’exil en Irak puis en France, il rentre en Iran le 1er février 1979, alors que le Shah a déjà quitté le pays en pleine effervescence. L’Ayatollah Khomeiny fonde la République islamique et contrôle le nouveau pouvoir, en tant que Guide suprême, jusqu’à sa mort en 1989.

L comme Libertés

L’Iran est régulièrement montré du doigt pour ses violations des droits de l’homme : liberté d’expression, droits des minorités, droits des femmes, peine de mort… Les critiques viennent d’Etats (européens notamment) mais aussi d’organisations internationales de défense des droits humains. En Iran, des mouvements revendicatifs, notamment chez les journalistes, rappellent que le mot « liberté » fait partie de la devise de la République islamique (Indépendance, Liberté, République islamique).

M comme Majlis

Le Parlement iranien ou « Majlis » compte 290 députés élus. Ils ébauchent les lois, ratifient les traités internationaux, valident le travail des ministres et approuvent le budget national. C’est parfois une vraie tribune de contestation… Mais le débat ne saurait sortir de cette enceinte.

M comme Moudjahidines du peuple

Un sympathisant des Moudjahidine du peuple iranien, à Auvers sur Oise. Sur les pancartes, la chef de l'organisation, Maryam Radjavi.( Photo : AFP )

Un sympathisant des Moudjahidine du peuple iranien, à Auvers sur Oise. Sur les pancartes, la chef de l'organisation, Maryam Radjavi.
( Photo : AFP )

Souvent décrit comme « islamo-marxiste », ce mouvement né dans les années 60 a d’abord lutté contre le régime du Shah. Les Moudjahidines du peuple ont fait partie des noyaux révolutionnaires les plus durs avant de s’opposer à la République islamique, y compris de l’extérieur, en combattant l’Iran avec l’armée irakienne. Les Moudjahidines du peuple ont été durement réprimés à la fin des années 80 en Iran. Aujourd’hui, le mouvement est dirigé par Maryam Radjavi, qui vit près de Paris. L’Union européenne vient de rayer les Moudjahidines du peuple de sa liste noire des organisations terroristes, ce qui a provoqué la colère de Téhéran.

 

N comme Norouz

Célébré le 21 mars, Norouz est le premier jour du calendrier iranien. Les tentatives de certains islamistes de bannir cette fête « païenne » n’ont pas résisté à l’attachement unanime des Iraniens à leurs traditions nationales.

O comme Otages

Le 4 novembre 1979 débutait la prise d’otage de 66 employés de l’ambassade américaine de Téhéran, retenus par des étudiants iraniens. Le dénouement n’intervint que 444 jours plus tard, juste après la prestation de serment du nouveau président républicain des Etats-Unis Ronald Reagan. Cette dramatique affaire a été vécue comme une humiliation profonde à Washington, surtout par les démocrates.

P comme Pistaches et Pétrole

L’Iran est le premier producteur mondial de pistaches et le quatrième producteur mondial d’hydrocarbures. Manquant cruellement de capacités de raffinement, l’Iran doit importer environ 40% de l’essence nécessaire à sa consommation domestique. Pendant la campagne électorale de 2005, l’actuel président Mahmoud Ahmadinejad avait promis qu’il mettrait « l’argent du pétrole sur la table des Iraniens ». Les exportations de pétrole ont fourni 80 milliards de dollars à l’Iran en 2008, mais cet argent a été dilapidé en subsides à la consommation.

Q comme Qom

A 150 km au sud-ouest de Téhéran, Qom a été développée dans les années 1930 comme le principal centre de formation des religieux chiites d’Iran, pour concurrencer l’influence de Nadjaf (en Irak) ; cœur historique incontesté du chiisme mondial. Avec l’arrivée au pouvoir de la majorité chiite en Irak, on peut s’attendre à une compétition entre les deux capitales du chiisme.

R comme Révolution

Mohammad Reza Pahlavi.(Source: Wikipédia)

Mohammad Reza Pahlavi.
(Source: Wikipédia)

A la fin des années 70, le pouvoir pro-américain du Shah est contesté par des tendances très diverses au sein de la société iranienne (laïcs, marxistes, religieux…). Des manifestations massives, violemment réprimées, provoquent finalement la fuite du souverain en janvier 1979. L’Ayatollah Khomeiny s’installe au pouvoir le 11 février. Mais il faut encore plusieurs mois pour que se dessine la nature du nouveau pouvoir. Les Occidentaux pensaient que cette révolution était communiste, soutenue activement par l’URSS qui voulait s’emparer du pétrole. En fait l’Iran a inventé une révolution d’un type nouveau : l’islam politique qui a bouleversé tout le monde musulman.

S comme Sanctions

En 2002, le monde découvre que l’Iran travaille à un programme nucléaire clandestin. Téhéran assure que ces recherches n’ont qu’un but civil. Mais les Etats-Unis, les Européens et Israël en doutent. Depuis 2006, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté cinq résolutions exigeant de l’Iran qu’il suspende ses activités d’enrichissement d’uranium. Trois de ces résolutions sont assorties de sanctions politiques et économiques qui isolent l’Iran et bloquent de fait tout investissement et limitent les échanges commerciaux. Les sanctions sont contournées par Dubaï, mais accentuent les tensions internationales et internes.

T comme Téhéran

Panorama de la ville de Téhéran.(Source: Wikipédia)

Panorama de la ville de Téhéran.
(Source: Wikipédia)

C’est la capitale de l’Iran. Située au nord du pays, au pied des Monts Alborz. Sept millions de personnes vivent à Téhéran, le double si l’on compte l’agglomération.  Le contraste est saisissant entre les quartiers aisés du nord de la ville et la pauvreté au sud et dans les banlieues. En revanche, la circulation automobile anarchique et la pollution règnent dans toute la cité. Tous les pouvoirs sont concentrés à Téhéran qui stérilise le pays malgré l’existence de grandes métropoles régionales.

U comme Uranium

La technologie nucléaire repose sur le principe de l’enrichissement du minerai d’uranium. Ce sont des centrifugeuses qui permettent d’enrichir l’uranium. Il doit être faiblement enrichi pour un usage civil, hautement enrichi pour un usage militaire. L’Agence internationale de l’énergie atomique constate régulièrement les progrès iraniens dans le domaine de l’enrichissement d’uranium. De son côté, l’Iran défend son « droit inaliénable au nucléaire civil », rappelant qu’il est signataire du Traité de non-prolifération nucléaire.

V  comme Velayat e-faqih

On peut traduire ce concept par « gouvernement du docte ». Cette notion, développée par l’Ayatollah Khomeiny, consacre la primauté du religieux sur le politique. C’est le fondement du pouvoir théocratique en Iran.

W, X, Y, Z comme  Zoroastriens

Les chrétiens, les juifs et les zoroastriens sont les minorités religieuses reconnues par la République islamique. Il y aurait environ 40.000 zoroastriens en Iran, pratiquant un culte remontant au 7ème siècle avant Jésus-Christ. Le zoroastrisme était la religion officielle de l’Iran antique, avant l’islam. C’est un monothéisme qui repose sur l’idée de la lutte entre le Bien et le Mal, présents en chaque être.

D'autres minorités religieuses ne sont pas reconnues en Iran. C'est le cas notamment des baha'is, des rapports dénoncent régulièrement les persécutions dont ils sont victimes.

Réalisation  Farid ACHACHE / RFI