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Israël

Impasse politique au lendemain des élections

par Frédérique Misslin

Article publié le 11/02/2009 Dernière mise à jour le 11/02/2009 à 18:04 TU

Qui va diriger le futur gouvernement israélien ? Les urnes n’ont pas vraiment tranché. Le résultat des élections législatives est d’une ambiguïté sans précédent. Kadima est arrivé premier, devançant d’une courte tête le Likoud, mais la droite dirigée par Benjamin Netanyahu semble mieux placée que les centristes pour trouver une coalition. Le leader populiste, Avigdor Lieberman, prend la troisième place, celle qui était occupée jusqu’à présent par les travaillistes. Le bilan de ce vote est double : l’électorat effectue une large poussée à droite et une période d’instabilité politique vient de commencer.

La Knesset, le Parlement israélien.(Photo : AFP)

La Knesset, le Parlement israélien.
(Photo : AFP)

 

Israël/législatives : spécialistes et politiques israéliens analysent les résultats

Raphaël Bensoussan : « Les Israéliens ont déserté les partis pour ceux dont ils se sentaient plus proches, le Parti travailliste ou le Meretz pour donner à Tzipi Livni, cette victoire à l’arrachée. Si elle se confirme, elle pourra soit tourner au poste de Premier ministre en alternance avec Netanyahou, soit occuper un poste important au sein du futur gouvernement ».

11/02/2009 par Nathalie Amar

Difficile de trouver une majorité à l’issue d’un vote dispersé, émietté. Aucun parti israélien n’a réussi à mobiliser plus de 23% des suffrages lors de ces élections législatives. Les centristes de Kadima sortent vainqueur du scrutin, mais c’est l’alliance des partis de droite qui détient la majorité à la Knesset. Tzipi Livni et Benjamin Netanyahu vont pouvoir s’inviter l’un l’autre à rejoindre un futur gouvernement de coalition.

Le jeu des alliances et des tractations a débuté, car pour gouverner il faut un minimum de 61 sièges au Parlement. Tzipi Livni n’est pas assurée de réunir autant de députés autour d’elle. Le quotidien de droite Maariv titrait mercredi matin : « Livni a gagné la bataille, mais va perdre la guerre », car le leader du Likoud, Benjamin Netanyahu, semble le mieux placé pour mobiliser une majorité. Et chacun de revendiquer le poste de Premier ministre. À Kadima, les partisans de Tzipi Livni répètent qu’elle seule a l’autorité morale pour former le futur gouvernement. Ils oublient sans doute que la tenue des élections anticipées vient de ce qu’elle a déjà échoué sur ce terrain en octobre 2008. L’actuelle ministre des Affaires étrangères a d’ores et déjà appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale qui pourrait aller des travaillistes jusqu’à l’extrême-droite, le parti Israël Beiteinou.

Le leader du parti Israël Beiteinou, Avigdor Lieberman.(Photo : Reuters)

Le leader du parti Israël Beiteinou, Avigdor Lieberman.
(Photo : Reuters)

Virage à droite

Celui qui arrive en deuxième position peut-il prétendre diriger le gouvernement ? Un scénario inhabituel mais pas impossible. Benjamin Netanyahu se déclare prêt à prendre la tête du « camp nationaliste » rassemblant les partis de droite et d’extrême droite.

Avigdor Lieberman, arrivé avec son parti Israël Beiteinou en troisième position, pourrait donc être l’homme qui départagera les rivaux. Avec une quinzaine de députés, ce populiste souligne que toutes les options sont ouvertes mais il dit préférer un gouvernement nationaliste. Avigdor Lieberman est l'un des grands vainqueurs du scrutin. Il a réussi à évincer les travaillistes et à récolter des suffrages autour de messages simples, « il faut mettre à bas le Hamas », aux relents souvent racistes vis-à-vis des Arabes israéliens. Que veut-il ? Tzipi Livni et Benjamin Netanyahu sont-ils prêts à lui faire d’importantes concessions ? Avigdor Lieberman est sans doute aujourd’hui l’homme le plus courtisé d’Israël.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Après la publication des résultats officiels, le président Shimon Peres va recevoir tous les partis politiques représentés à la Knesset. Au terme de ces consultations qui peuvent durer neuf jours, le chef de l’Etat décidera quel député a le plus de chance de former une coalition. Il va officiellement désigner ce parlementaire et le charger de constituer un gouvernement dans les vingt-huit jours. En cas de blocage, ce délai peut être prolongé de quatorze jours.

A l’issue de cette première phase, s’il n’y a pas d’accord, le président Peres nommera un autre député qui aura lui aussi vingt-huit jours pour former une majorité. En cas d’échec, un troisième candidat pourra tenter sa chance durant quatorze jours. Si ces ultimes tractations n’aboutissent pas, de nouvelles élections sont convoquées dans les trois mois.

Plusieurs scénarios envisageables

-         Les deux rivaux s’allient et se partagent le siège de Premier ministre. Le gouvernement serait constitué par des membres de Kadima et du Likoud  avec, à leur tête, selon un système de rotation sur deux ans, Tzipi Livni et Benjamin Netanyahu. Une formule que connaissent les Israéliens puisqu’elle avait été utilisée entre 1984 et 1988 dans le cadre d’un accord passé entre le Likoud et les travaillistes. À l’époque, Shimon Peres et Yitzhak Shamir avaient dirigé le gouvernement à tour de rôle.

-         Tzipi Livni forme une grande coalition d’union nationale rassemblant la gauche laïque, les travaillistes, le Likoud, les ultra-nationalistes et les religieux. Quelle sera ensuite sa marge de manœuvre pour gouverner ?

-         Benjamin Netanyahu constitue une courte coalition très marquée à droite et excluant la gagnante des élections. Une option pas impossible, mais compliquée à mettre en œuvre, car les ultra orthodoxes du Shas n’apprécient guère Avigdor Lieberman. Leur leader, le Rabin Ovadia, a affirmé pendant la campagne : « Quiconque vote pour Lieberman, donne des forces à Satan ».