Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Défense

Collision en haute mer entre deux sous-marins nucléaires

Article publié le 16/02/2009 Dernière mise à jour le 16/02/2009 à 14:45 TU

Deux sous-marins à propulsion nucléaire de la Royal Navy britannique et de la marine nationale française sont entrés en collision, fin février, dans l’océan Atlantique. Les deux bâtiments ont été endommagés, mais aucune avarie n’est signalée sur les équipements de propulsion nucléaire.
Le sous-marin nucléaire français le Triomphant le 1er juillet 1994.(Photo : Philippe Huguen/AFP)

Le sous-marin nucléaire français le Triomphant le 1er juillet 1994.
(Photo : Philippe Huguen/AFP)


Avec notre correspondant à Londres, Adrien Moss

Vanguard de la Royal Navy et le Triomphant de la marine française, sont entrés en collision, au début du mois, au milieu de l’océan Atlantique, alors qu’ils étaient tous les deux en plongée. Selon un responsable de la Royal Navy cité par le journal The Sun qui révèle cette information, les risques potentiels d’une telle collision sont inimaginables. Il y avait fort peu de risques d’une explosion nucléaire, mais il y aurait pu y avoir une fuite radioactive. « Pire, dit ce responsable de la Royal Navy, nous aurions pu perdre l’équipage et les têtes nucléaires ».

Les anti-sonars en question

Comment une telle collision a pu arriver ? Peut-être, disent les spécialistes, parce que les sous-marins sont équipés de dispositifs anti-sonars tellement sophistiqués que ni l’un, ni l’autre ne se sont vus sur leurs radars. Une centaine d’hommes étaient à bord du Triomphant, 140 à bord du HMS Vanguard. Le sous-marin britannique a été remorqué dans la base navale de Faslane en Ecosse, le Triomphant a pu rentrer à Brest. Le ministère de la Défense dit qu’à aucun moment, la sécurité nucléaire de la Grande-Bretagne n’a été compromise.

Des sous-marins presque indétectables

L'information est à peine croyable effectivement. Comment deux  sous-marins nucléaires ultra-modernes peuvent-ils entrer en collision alors qu'il naviguent tous les deux en plongée dans l'immensité de l'océan Atlantique Nord.

Pour bien comprendre ce qui a pu se passer, il faut rappeler que les équipages de sous-marins vivent dans un monde silencieux, un monde totalement clos. Ils ne peuvent rien voir à l'extérieur, car dans les profondeurs c'est l'obscurité totale. Et pour savoir ce qui se passe de l'autre côté de la coque, il faut donc écouter avec des capteurs très performants, déceler les moindres mouvements, les moindres « murmures » de la mer, cela va du chant des baleines aux bruits des hélices des bateaux.

Or justement, si l'on en croit les informations de la presse britannique, ce sont deux sous-marins extrêmement silencieux, donc presque indédectables qui seraient accrochés, le Triomphant  et le Vanguard, deux sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, qui ont exactement la même mission, assurer la dissuasion nucléaire de leur pays et pour qui, rester silencieux et donc ne pas communiquer, constituent les meilleures chances de survie.

Le ministère français de la Défense a confirmé l'accident, ce lundi, en rapportant que les deux sous-marins « sont entrés en contact brièvement à très basse vitesse alors qu'il étaient en plongée. Il n'y a eu aucun blessé » précise l'armée qui ajoute que « ni la mission  de dissuasion, ni la sûreté nucléaire n'ont été affectées ».

Ces accrochages sont-ils fréquents ?

Les accrochages entre sous-marins alliés, qui plus est du même type, ne sont vraiment pas fréquents. Mais en revanche, les manoeuvres d'intimidation et les abordages entre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins et sous-marins nucléaires d'attaque des pays rivaux ou ennemis ne sont pas si rares.

Ainsi pas plus tard qu'en 2000, de nombreuses informations avaient circulé après le naufrage du sous-marin russe Kursk concernant l'implication supposée d'un sous-marin américain de la classe Los Angeles. Mais aussi bien dans le cas du Kursk que dans celui qui nous intéresse, tout cela reste très, très secret. Et c'est bien souvent des années plus tard que l'on apprend ce qui s'est réellement passé.

RFI