Article publié le 17/02/2009 Dernière mise à jour le 18/02/2009 à 23:07 TU
La gouvernance est au menu du 9e Forum de Bamako, cet espace de réflexion entre cadres et décideurs africains et leurs interlocuteurs extérieurs, lancé en 2001.
De notre envoyé spécial à Bamako, Thierry Perret
Deux directions sont privilégiées dans les contributions qui sont proposées au Forum de Bamako : dans un premier temps, une analyse des enjeux de la gouvernance mondiale, où l’on se doute que les implications de la crise financières internationale seront abordées. Cette « gouvernance mondiale », une notion apparue au début des années 2000, peut être appréhendée comme la « perspective de transfert vers le niveau mondial d’instruments de régulation qui ont perdu de leur efficacité au niveau national ou régional » (1), perspective où sont soulignées les carences en matière de démocratie et de contrôle par les citoyens des mécanismes de l’économie mondialisée.
Concrètement, pour l’Afrique la gouvernance mondiale suppose une prise en compte des besoins de développement des plus pauvres : le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, témoignait encore en octobre 2008 de l’oubli constaté, au cœur de la tourmente internationale, d’un problème aussi crucial que celui de la crise alimentaire dans les pays du Sud (2). L’ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, invité vedette du Forum, interviendra ici sur une thématique qu’il connaît bien : à la tête aujourd’hui d’une société de consultance en géostratégie, il s’efforce dans ses ouvrages et conférences de souligner l’importance du rôle de l’Europe pour la mise en œuvre d’une gouvernance mondiale plus équilibrée, pleinement multilatérale (3).
L’entreprise et sa gouvernance
Les débats du Forum 2009 apparaissent ainsi comme un écho aux discussions menées l’année passée, où l’on s’était interrogé sur l’Afrique comme « nouveau pôle géostratégique ». Dans une version alors optimiste de la mondialisation, puisqu’il s’agissait d’évaluer les nouveaux partenariats noués par les Africains avec les pays émergents (Chine, Inde, Brésil), qui montraient un renouvellement d’intérêt pour le continent, désormais plus apte à négocier son insertion internationale (4).
Autre axe du Forum cette année : l’entreprise et sa gouvernance. On s’y interrogera sur les voies d’amélioration de la gestion d’entreprise en fonction de l’environnement propre à l’Afrique. Et spécialement, comme le suggère un des intervenants, Philippe d’Iribane, en fonction du contexte culturel et social. Chercheur au CNRS, réputé pour ses travaux sur le rôle de la culture dans la mondialisation, celui-ci souligne qu’« on peut mettre en place partout une bonne gouvernance à condition de le vouloir. Mais cela peut demander de gros efforts pour adapter les outils universels de gestion à la diversité des environnements culturels ».
Une approche qui sera illustrée avec les stratégies mises en œuvre par un organisme de développement tel que l’Agence française de développement. L’AFD qui apporte cette année une contribution significative au Forum de Bamako, preuve de l’intérêt grandissant suscité par la manifestation.