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Fespaco

40 ans de festival et une identité affirmée

par Catherine Ruelle

Article publié le 25/02/2009 Dernière mise à jour le 02/03/2009 à 18:36 TU

En 1969, vit le jour à Ouagadougou et à Bobo Dioulasso, la Semaine du cinéma africain : « projections foraines suivies de débats avec le public, séances enrichissantes pour les cinéastes, moments privilégiés qui favorisent un esprit d’émulation, une école du soir ». C’est comme cela que Sembène Ousmane décrivait cette première rencontre, dont il fut l’un des artisans avec des responsables de Haute-Volta et la poignée de cinéastes ayant tourné alors, parmi lesquels Mustafa Alassane et Oumarou Ganda, du Niger, Timité Bassori de Côte d’Ivoire, et quelques autres.

 

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© TV5 Monde

L’idée était de soutenir des cinéastes exprimant les réalités culturelles de l’Afrique, un cinéma d’auteurs en lutte pour la réappropriation de leurs propres images. Créées en 1966, les Journées cinématographiques de Carthage s’étaient, elles, données pour vocation de montrer à la fois des films du Maghreb, du Proche-Orient, et du continent africain, puisque la Tunisie est à la fois africaine et arabe.

Rapidement, après la création de la Fédération panafricaine des cinéastes en 1970, à Tunis, la nationalisation des salles de cinéma en Haute-Volta et la charte des cinéastes édictée par la Fepaci en 1971 à  Alger, se dessina le choix de Ouagadougou comme capitale régionale du cinéma de l’Afrique sub-saharienne.

La semaine de Ouagadougou se transforma, en 1972, en festival compétitif, panafricain, et il fut décidé que le festival aurait lieu les années impaires, puisque les JCC avaient lieu les années paires.

Le Fespaco à ses débuts était « le festival des origines et des valeurs culturelles africaines » comme le dit le cinéaste Ferid Boughedir ; au début des années 1970, les salles de cinéma étaient encore à ciel ouvert, et les cinéastes palabraient des heures durant, autour de la piscine de l’hôtel Indépendance, en attendant que la nuit tombe.

 « Les cinéastes ne pouvaient à l’époque montrer leurs films que dans trois manifestations », rappelle un des aînés, le cinéaste gabonais Philippe Mory, « Carthage, Ouaga et le festival de Dinard ! », (qui a disparu depuis).

Dans les années 1970-1980, le Fespaco dut faire face à la concurrence accrue de très nombreux festivals de cinéma de par le monde, et à la prise en compte des cinémas d’Afrique, à Cannes notamment, (Palme d’or 1975, Chronique des années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina, 1987 Grand Prix du jury du festival de Cannes :Yeelen de Souleymane Cissé).

Sous l’impulsion du gouvernement de l’époque, le Fespaco grandit lui aussi ; des salles de cinéma « en dur » furent construites à Ouagadougou et dans le pays et le festival devint une manifestation de prestige. En s’ouvrant à la diaspora (afro-américaine notamment), il affirma son ambition de devenir la vitrine des créateurs du monde noir.

Elle était loin alors, la petite semaine culturelle des débuts. Le festival devint le lieu de rencontre et de référence du monde cinématographique africain mais aussi… de personnalités venues d’ailleurs : représentants des grandes institutions, journalistes et programmateurs de festivals, venus du monde entier. Une transformation accélérée et un gigantisme qui se fit au détriment des objectifs premiers : être le lieu de rencontre des auteurs africains et permettre au public local et régional de découvrir leurs films.

Pour le 40e anniversaire du Fespaco, le nouveau délégué général, Michel Ouedraogo, affiche l’ambition de remettre les pendules à l’heure.

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