Article publié le 03/03/2009 Dernière mise à jour le 03/03/2009 à 22:25 TU
Anthony Baffoe : Oui, car je trouve que le Ghana n’était tactiquement pas bien en place durant les deux premiers matches face au Zimbabwe et à la Libye. Les joueurs n’avaient pas confiance en eux-mêmes : ils conservaient trop le ballon au lieu de le faire circuler. Mais ils ont progressivement compris les consignes de leur entraîneur. Je pense que nous avons les meilleures individualités de ce tournoi, mais que c’est maintenant que les joueurs donnent leur pleine mesure en tant qu’équipe. La preuve, c’est qu’ils ont créé plusieurs fois le danger dans le camp de la République démocratique du Congo, une des meilleures formations de ce Championnat d’Afrique des nations.
Si les Ghanéens sont concentrés et disciplinés, ils peuvent gagner ce CHAN. Je veux d’ailleurs souligner que cette compétition est une très bonne initiative pour le continent africain. Les joueurs « locaux » peuvent enfin s’exprimer sur un terrain médiatisé. Que chacun puisse jouer pour son pays, entendre son hymne national, c’est quelque chose d’important.
RFI : Grâce à cette compétition, les participants ont effectivement l’opportunité de défendre les couleurs de leur pays, alors que ça paraissait impensable pour beaucoup d’entre eux…
AB : La Coupe d’Afrique des nations (CAN) est aussi née comme cela. En 1957, lors de la première édition, les joueurs professionnels africains étaient peu nombreux. La plupart des joueurs évoluaient, eux aussi, sur le continent. Ce CHAN est important pour l’évolution du football sur le continent. Nous sommes vraiment dans des années fastes pour le football africain : il y a eu la CAN 2008 au Ghana, le tournoi de l’UFOA (Union des fédérations ouest-africaines de football) ; il y aura la Coupe du monde 2009 des cadets au Nigeria et celle des juniors en Egypte, puis la Coupe des confédérations en Afrique du Sud et la CAN 2010 en Angola, avant le must : la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Je pense que le CHAN est très important pour des joueurs qui participeront peut-être à ces compétitions. La prochaine édition se déroulera en tout cas au Soudan en 2011, avec seize équipes (contre huit en Côte d’Ivoire, Ndlr).
RFI : Comment voyez-vous la demi-finale entre le Ghana et le Sénégal ?
AB : Le Sénégal est une équipe très forte physiquement, mais ils n’ont marqué qu’un seul but depuis le début du tournoi. La vivacité technique des « Black Stars » peut poser problème aux Sénégalais. Cela dit, ça ne sera pas facile : tactiquement, le Sénégal est bien en place, «compact» comme on dit en football. Il faudra marquer le premier but pour les déstabiliser. Ce sera déterminant, comme ça l’a été lors du match remporté 3-0 face à la RDC. Le Ghana a ouvert le score avec un peu de chance et celui a créé des brèches dans la défense congolaise. Mais ça ne sera peut-être pas la même histoire face à des Lions de la Teranga qui travaillent bien sur le terrain.
RFI : La rencontre face à la RDC a clairement démontré que le Ghana répondra désormais présent dès la première minute du match et plus par intermittence.
AB : Oui, les joueurs ont pris confiance. Et puis, il faut rappeler que cette équipe du Ghana ne repose pas que sur onze joueurs. Il y aussi de très bons remplaçants. La plupart des joueurs sont vraiment jeunes. Le n°14, Charles Taylor, a du talent et peut intéresser pas mal de personnes. D’autres membres de la sélection étaient au Rwanda pour la Coupe d’Afrique des nations des moins de 20 ans. Le Ghana a donc le potentiel pour aller au bout du tournoi, même si on ne sait jamais comment les choses peuvent évoluer au football.
Propos recueillis par nos envoyés spéciaux à Yamoussoukro, Olivier Pron et David Kalfa